SaintéLyon - 2006

   Marathon du Beaujolais     Nouveau….. Né

« Natif de Villefranche-sur-Saône, le Marathon du Beaujolais Nouveau est une épreuve qui me tient à cœur et à laquelle, depuis plusieurs années, je voulais participer. Mais, pour différentes raisons, je n’avais jamais, jusqu’alors, eu la joie d’en prendre le départ. Ce fut chose faite ce samedi 17 novembre 2007,  même si… une nouvelle fois, un événement particulier a bien failli repousser à l’édition 2008 ma première participation ».

« Pour cette épreuve, je n’avais pas suivi d’entraînement spécial, comme pour toutes mes courses précédentes… impératifs familiaux et professionnels obligent. J’ai simplement conservé mon rythme habituel de 4 à 5 sorties par semaine : quatre d’une heure environ et une de deux heures minimum, en prenant soin de profiter du relief pour travailler un peu en puissance. Malgré mon côté ‘’performeur-rêveur‘’, je suis conscient que cette préparation ne me permet pas de faire ‘’péter le chrono‘’ sur marathon, surtout sur celui-ci, réputé costaud. Mais cela suffit à mon plaisir. L’essentiel est donc à portée de mains...heu, de foulées...et pas San-Priotes cette fois-ci ».

« Ce matin de novembre, le premier chiffre à retenir est -7°C , constaté sur le thermomètre, parfait pour la conservation des aliments, mais frisquet pour mes frêles gambettes ! Je compte sur la clarté du ciel pour faire grimper cette température, et suis déjà soulagé de n’avoir à faire face ni à la pluie, ni au vent. Arrivé à Villefranche : je suis impressionné par l’organisation. J’en veux pour preuve le nombre important de bénévoles, qui se mettent en quatre pour les quelque 1700 coureurs inscrits… 1700… un chiffre record… alors qu’il était prévu de limiter les inscriptions à 1500 ! ».

« Une fois le dossard récupéré, les coureurs sont acheminés par cars à Fleurie, lieu de départ de la course. A peine foulons-nous le sol de ce village du Beaujolais, qu’un vent ‘’frais‘’… de fête nous saisit. Nous sommes, il est vrai, accueillis par une fanfare endiablée et plongés, tout de go, dans un flot de coureurs bigarrés, parmi lesquels une armée de Schtroumfs (venus de Nice), des clowns et autres danseuses étoiles… et même un Christ -torse nu s’il vous plait- qui portera sa croix, sur son dos, toute la journée, à croire que celle… des 42 km , bien sûr, ne lui suffisait pas.  Un avant-goût des ravitaillements nous est alors proposé, et si l’on retrouve le traditionnel café, très apprécié vue la température, nous nous heurtons à l’omniprésence du breuvage des Dieux… ne sommes-nous pas au départ du Marathon du Beaujolais Nouveau !. ‘’Quand le vin est tiré, il faut le boire‘’… je remarque un réel engouement de certains pour cette technique d’échauffement. Quant à moi, soucieux de ne pas perdre ma route dans ce pays qui m’a vu naître, je reste attaché à mon traditionnel jus de fruit. En le dégustant, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée attendrie pour certains Joceliens, spécialisés dans le franchissement de GBA sur le Viaduc de Millau ou détenteur du record du monde du marathon en …bus, qui n’auraient sans doute pas hésité à s’attabler, malgré l’absence de palette ».

« Les Mizuno soigneusement lassés, les gants bien enfilés et le portable logé dans ma poche arrière (petit indice ! j’y reviendrai), je me noie au milieu de l’énorme troupeau de galériens du bitume qui rejoignent la ligne de départ où nous attend un groupe de pom-pom girls… pour un échauffement collectif en musique ».

« Il est 10h30 précises, lorsque le départ est donné, et tous s’élancent pour une perf ou simplement pour finir, sur un parcours vallonné ( 362 m de dénivelé positif et 468 m en négatif), au milieu des vignes et des châteaux du Beaujolais. Personnellement, je table sur une allure moyenne de 13km/h, qui me permettrait de finir en 3h15, persuadé que cette hypothèse est tout à fait cohérente même si ..., et puis si je ne suis pas optimiste maintenant, je ne le serai jamais ».

« Nous nous dirigeons plein sud, tels les oiseaux migrateurs, un peu moins rapidement qu’eux je dois l’avouer, et je me régale des couleurs rougeoyantes qu’offre la vigne à cette époque. Face à ce spectacle, la température, tout juste positive, n’a plus d’importance, et les côtes qui s’enchaînent n’existent pas. Je me prends même à fermer les yeux afin d’apprécier au maximum ces moments uniques. Et là, certaines  paroles captées, de-ci de-là, me ramènent encore une fois à penser à vous : ‘’Que c’est beau… Qu’est ce qu’on est bien !‘’. Roland aurait-il des disciples même ici ? ».

« Les villages se succèdent : Lancié, Corcelles-en-Beaujolais et son château qui abrite le premier ravitaillement, puis Pizay. Cela fait déjà une heure que je cours. Je suis un peu en avance sur l’objectif. Tout va bien. Les côtes sont une formalité, le rythme est régulier, c’est le pied avec les miens (de pieds). Cercié apparaît, puis Saint-Lager… Tout est conforme à ce que j’espérais. Les encouragements fusent de la part du public nombreux. Les groupes de coureurs sont maintenant clairement formés. Au terme de la deuxième heure de course, les premiers rictus apparaissent sur certains visages. Pour ma part, je suis pile dans la cible en clôturant le 26°km en 2h00 tout juste ».

« Passé le château de Laye, nous arrivons au fatidique mur du 30°km, et là mon ciel commence à s’assombrir. Ma foulée aérienne perd de l’altitude, les côtes se raidissent et mes cuisses se raffermissent dangereusement. Les crampes me guettent, je ne les avais pourtant pas conviées. Malgré l’absorption  d’eau et de sucre, elles s’accrochent et n’ont pas l’intention d’aller voir ailleurs si j’y suis. Au 33°km, je m’effondre sur le bas côté... les ischios-jambiers complètement tétanisés. Je dois mon salut, comme souvent dans notre sport, à l’aide précieuse des spectateurs et des suiveurs qui me permettent de me désaltérer et qui m’aident à mettre mes jambes en tension pour pouvoir repartir après plusieurs minutes sur le dos. Le ravitaillement du 34°km m’apparaît, dans ces conditions comme une terre promise, d’autant plus que sont présents deux kinésithérapeutes qui semblent m’attendre, à croire que l’histoire était déjà écrite ».

« Quelques minutes plus tard, je repars clopin-clopant, dans le but de rejoindre l’arrivée en limitant la casse. Mon allure n’a plus rien à voir avec celle adoptée jusque là. Je ne sais pas vraiment à quoi je ressemble, ou plus précisément, je le redoute. Mon deuxième souffle n’est pas au rendez-vous, ou plutôt c’est moi qui suis en retard, mais le paysage qui se présente devant moi me permet de garder suffisamment de volonté. En effet… j’approche de Denicé, puis de Gleizé dont les petites routes furent le théâtre de nombreux joggings collectifs à l’époque où j’étais licencié au sein du club de Handball local qui regroupe notamment ces deux communes. A partir de ce moment précis, si mon état physique n’a pas évolué, ma volonté croît d’autant plus que j’aperçois, parmi les spectateurs, des membres de ma famille qui sont venus risquer la grippe pour m’encourager. Plus la ligne se rapproche plus je positive. Durant les derniers mètres de ce périple, j’accompagne même les pom-pom girls présentes à l’abord de l’arrivée dans une ‘olà’ improbable quelques minutes auparavant. Je passe finalement la ligne en 3h34. Fatigué mais heureux ».

« Je ne peux m’empêcher d’être déçu à la vue de mon chrono, puis je finis par être satisfait de ma course quand je prends connaissance de mon classement : 231°. Cette épreuve a été dure pour tout le monde, même pour les cadors. Cyril Mulot s’impose en 2h38, Pasteur Nyabenda termine 4° en 2h44 (pour un record personnel sur la distance de 2h13) et Eric Mercier sombre en 3h24, n’en déplaise à son illustre homonyme jocelien ».

« Le portable, dont je ne me suis pas séparé, durant la course, n’a pas sonné... Alors, ‘’quelle idée‘’ me direz-vous de s’équiper de la sorte pour un marathon ! Même en 2007, on peut bien être injoignable quelques heures !  Et bien, ce n’était pas mon cas...  Pour moi,  désormais,  les  chiffres  les plus importants de cette fin d’année sont :   23/11/2007,   2h11,   2kg740  et   47,5 cm .  Et oui, un futur Jocelien nommé TITOUAN est venu agrandir la famille WOLF. Ce 17 novembre, il m’était inconcevable de m’élancer, sans avoir la possibilité d’être informé de sa possible venue ».

« Pour revenir à mes impressions concernant cette course, vous aurez compris, que je ne trouve rien à lui reprocher. L’organisation est ‘’au poil‘’, le parcours merveilleux, et l’esprit en totale adéquation avec ce qui nous tient à cœur au JOCEL. Il serait judicieux d’y penser lors de la constitution du planning 2008. En attendant : sportez-vous bien ! ».

 Denis WOLF