« Enfin...  100  bornard... » 

L’aventure vécue de notre ami Didier Payet

Mon sac à la main, j’étais un peu paumé... Tout à coup, un ‘bout-d’choux’ de 6-7 ans, s’est approché de  moi :  « Je vais essayer de faire 50 km avec toi… car je ne pense pas pouvoir tout faire… ».

Un peu dérouté et croyant que je n’avais pas bien compris, je me suis penché vers lui, l’ai regardé et, gentiment, lui ai demandé : « Tu cherches quelqu’un ? ». « Oui –qu’il m’a répondu- je m’appelle Sylvain, j’ai 6 ans ½. C’est toi que je cherche ». L’espace d’une seconde, je me suis demandé si je ne venais pas de rencontrer le Petit Prince de Saint-Exupéry... S’il m’avait murmuré « Dessine-moi un mouton », je pense que j’aurais marché... Mais j’étais venu pour courir... Alors, j’ai fait un effort et, les yeux écarquillés, je lui ai rétorqué : « Pardon... J’ai pas compris ».

C’est ainsi... le vendredi 18 mars dernier, vers 17h, en la salle des fêtes de St Nazaire-les-Eymes, près de Grenoble, que j’ai fait la connaissance de Sylvain, 6 ans ½ ... mon parrain... Il était chargé de goûter avec moi !.. Mais oui !.. Il fallait y penser, chaque participant aux ‘100 bornes 2006’ de ce St-Nazaire dans l’Isère, était parrainé par un enfant du village... afin d’impliquer les habitants... et mettre de l’ambiance.

Cet accueil, bien sûr, me permit d’oublier, quelques instants, le but de ma venue… Pas très, très longtemps, mais suffisamment pour qu’on devienne copains : Sylvain et moi... Ce n’était qu’un début.    L’anxiété qui m’avait quelque peu délaissé me retrouva bien vite, d’autant que durant le repas du soir, entre coureurs, les petits nouveaux furent repérés sans difficulté... Et les anecdotes sur les galères des habitués me tombèrent sur le râble comme mouches qui piquent... Tout ce qu’il fallait pour me réconforter.

Essayer un 100km, cela faisait une bonne année que je m’y étais décidé. Si j’avais choisi celui-ci, c’était pour trois raisons : 1– Je me sentais prêt en ce début d’année... et Millau, en septembre, me paraissait bien loin.  2– Le parcours relativement plat me séduisait.  3– Le fait de courir sur une boucle, à effectuer plusieurs fois, était rassurant, car, en cas de pépin, nous n’étions jamais bien loin de l’organisation… En contre-partie, je le savais, cela demandait plus de volonté car il était plus facile d’abandonner, à chaque passage, plutôt que seul dans la nature… ce que les ‘anciens’ se plaisaient à rappeler : « Oui, il y a toujours eu un tiers d’abandons les années précédentes ». Ce qui me tracassait, également, c’était cette notion de temps limite (12 heures).    ‘’100 bornes, je vais en baver, en baver!‘’..... la nuit fut courte et angoissante....

Le réveil, samedi matin, s’effectua presque en fanfare... pour un petit déjeuner à 5 heures !... Vinrent, ensuite, les derniers préparatifs et l’attente du départ fixé à 7 heures... Crispant... jusqu’à cette formidable surprise : l’apparition de Sylvain... Nom d’un pétard, le pitchounet avait tenu à se lever pour venir m’encourager ... Oui, je l’aurais embrassé!.

7 heures... nous voilà partis... Enfin !... Au menu, 4 km  pour traverser le village et arriver à la base nautique... et là, le grand départ avec le début d’une boucle de 12 km, boucle à effectuer 8 fois... Comme annoncé, le circuit est relativement plat... Mais, coincé entre

l’Isère et l’autoroute, en pleine campagne, il se révèle vite des plus monotones. Qu’à cela ne tienne... un baladeur sur les oreilles, je me fais une raison.

Je passe le Marathon en 3h 44mn et les 50 km en 4h 27mn... Entre l’écoute de la radio et mes savants calculs (pour connaître mon allure) le temps s’égrène...  paisiblement. Surviennent les actualités de 12 h… et l’heure de l’apéro… je pense alors à la famille qui, je le sais, lève le verre à ma santé… Ici, il n’y a que des cacahuètes... au ravitaillement !  Au 66 km, je me surprends à marcher. Naturellement, je culpabilise. Mais, comme à la Saintélyon, je m’oblige à lever le pied un bon moment, afin de me refaire une santé... et ne repars, en petites foulées, qu’au 68 km. Qu’importe, cela a été utile : je ne remarcherai plus…

Et puis, vers le 80° km, merveilleux bonheur, Sylvain, ‘mon Sylvain’ réapparaît... à vélo, son père à ses côtés ; baskets aux pieds. Ils ont décidé de faire la dernière boucle avec moi. Elle est géniale cette idée… géniale pour mon moral… Dernière boucle, la cloche s’agite… Il ne faut pas faiblir si je veux passer en dessous des 10 heures. Mais ça devrait aller, d’autant que repéré par les autres coureurs, j’ai droit à de plus en plus d’encouragements et de signes amicaux…   Arrive le dernier kilomètre !...  Et là, brusquement, Sylvain, mon Petit Prince, pose son vélo et... va –oh, il est trop ce marmot- et va chercher une pancarte « Allez Didier » qu’il avait confectionnée. C’est ainsi, main dans la main, que nous passerons la ligne d‘arrivée en 9 H 42 mn !!!   Joie intense, ma cavale est  finie et... dans un temps inespéré !!!… Au final, sur 159 partants, je termine 41° sur 102 classés... cette année encore un tiers manque à l’arrivée.

Tout compte fait, un 100 bornes, c’est pas aussi difficile qu’il y paraît !... Avec une préparation étudiée, ce doit être à la portée d’un bon nombre au Jocel.  Qui relève le défi ?…                                  

Didier PAYET