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*Marathon de New-York*
"Merveilleuse
Christiane"
<<Admirable,merveilleuse
Christiane...
je n'ai pas assez de mots pour parler d'elle>>
Et bien,c'est à peine croyable,Benji-le-guerrier
en est toujours sur les fesses...A New York
Cri-Cri,sa Cri-Cri...l'a fait chavirer...
<< Une fois de plus>>
« Elle
n’avait jamais fait plus de 25km… Et encore, à l’entraînement… C’était
sa décision. Elle ne voulait pas se casser… Elle voulait être présente le
jour venu, quitte à souffrir le martyre… Mais, j’en témoigne, elle s’est
entraînée dur les 2 derniers mois… Et, elle a gagné son pari. Une fois de
plus, elle m’a bluffé. J’en suis malade de ma Christiane».
Christiane…
nous n’avons pu la joindre. Elle était en famille, dans la région
parisienne. Alors, nous avons laissé son Benji nous en parler… Benji,
Benjamin-le-dur-à-cuire, il en avait des pleurs dans la voix.
« New-York,
son marathon… c’est extraordinaire, ça te tourneboule son homme comme une
crêpe… Alors, lorsque tu as Christiane à tes côtés, tu ne sais plus où
tu habites. L’ambiance est invraisemblable de chaleur. La sympathie, la
solidarité entre coureurs… c’est tout à fait unique. Certes, je n’en étais
qu’à mon 6ième marathon, mais je n’avais jamais rencontré une
telle fraternité. Pas de bousculades, pas d’invectives. Non, toutes les voix
étaient amicales chaleureuses. Tout le monde parlait une langue différente,
mais on se comprenait. Cela dit, au fil des kilomètres, Christiane et moi, on
s’est un peu renfermé… Christiane, tu sais, elle ne parle pas beaucoup et
il ne faut pas trop la bassiner quand elle court… ça la perturbe…Mais, je
peux te dire qu’elle en a bavé sur les 10 – 12 derniers kilomètres. Héroïque
qu’elle était, même lorsqu’elle marchait ».
« Durant
toute la course on est resté ensemble, moi très légèrement devant pour la
guider, lui permettre le maximum de concentration et la protéger du vent qui
parfois soufflait. Les 10 premiers kilos , ce fut du bonheur. On les a fait en
1h05… quand je pense qu’au début de l’année elle avait fait les 10 de
Vaulx-en-Velin en 1h15 !… Jusqu’au semi tout fut parfait. On ne s’est
jamais trouvé tout seul mais, il faut le souligner, la course a toujours été
très fluide grâce à la largeur des avenues.
« La
première fois que nous avons marché, quelques dizaines de mètres, c’est
vers le 26° km. A partir du 34°, ça été de plus en plus fréquent. A un
moment, comme ça, un couple d’Américains nous a donné une banane chacun à
manger… c’est rien, mais je ne l’oublierai jamais…Dans Central Park, par
3 fois nos avons fait relâche, notamment dans la bosse d’entrée qui a véritablement
planté Christiane. Mais chaque fois, je me suis contenté de dire :’’Faut
reprendre, on va attraper froid, on pourra pas repartir’’ … Oui, il ne
faisait pas chaud : 7 à 8° seulement… Les 12 derniers km on a du les
faire en 1h3/4… Et puis, à un moment, on a vu la banderole d’arrivée.
D’un seul coup, on a eu l’impression d’avoir 20 ans. La ligne… on l’a
passée comme dans un rêve, les bras au ciel, la main dans la main. Ensuite, dès
qu’on a eu notre médaille autour du cou, j’ai tendu mon appareil photo à
une dame de l’organisation… Tu vois, c’est la photo que tu as… »
Et puis, comme
beaucoup, comme la plupart des coureurs, Christiane et Benji sont restés
longtemps, longtemps dans le sas d’arrivée… pour reprendre des forces, bien
sûr, mais aussi pour profiter le plus longtemps possible de l’ambiance
exceptionnelle de ce marathon d’un autre monde.
Ensuite… « Ensuite… on n’était pas cassé… Alors, on est rentré à pied à l’hôtel… En faisant des détours… main dans la main... Maintenant, ma Christiane, tu comprends pourquoi je l’aime ».
New–York… New-York... |
M. S.
« J’étais
comme enivré… de bonheur… Mais d’un bonheur que je ne connaissais pas.
Invraisemblable… Vous n’allez peut-être pas me croire… dans les
derniers kilomètres, je n’avais qu’une idée en tête : que ce trop
exceptionnel Marathon ne se termine pas. Que je puisse en profiter encore et
encore… Dans Central Park, je vous l’avoue, j’ai même ralenti… pour
m’imprégner plus fort et plus longtemps encore de cette ambiance à nulle
autre pareille... Pour taper dans les mains des centaines d’enfants qui le
demandaient… Pour échanger quelques mots, à la volée, avec une bonne
trentaine de spectateurs parmi les
milliers et milliers qui se massaient sur le final et nous encourageaient…
Aujourd’hui, je ne trouve qu’un mot : INOUBLIABLE .
« Depuis,
plusieurs semaines sont passées… mais, vous allez sourire, je m’y crois
encore. Que je vous dise, et c’est
ma conviction profonde : pour nous, coureurs amateurs, il ne faut pas aller
à New-York pour faire un temps… mais pour en profiter pleinement... Ce qui
sous-entend, et là je suis très sérieux, qu’il faut être parfaitement
entraîné afin de ne pas terminer à la ramasse, les yeux dans le brouillard.
« Les
Etats-Unis… c’était la troisième fois que je m’y trouvais. Avec mon épouse,
on adore. Ici, on ne juge pas les gens. On laisse sa chance à tout le monde
dans une certaine nonchalance. Ce n’est donc pas la vie américaine qui m’a
surpris. Non, c’est l’ambiance du Marathon… une telle chaleur, une telle
fraternité... Les hommes, les femmes se regardaient sans se dévisager… Les
yeux brillants de bonheur… On faisait tous partie de la même famille :
celle des gens heureux. Bien sûr, de nombreux Américains portaient les
couleurs US ou le drapeau étoilé… mais nous Français, on avait presque tous
un tee shirt flocké ‘France’… Ce n’était pas par défi. Non, c’était
pour se
faire
reconnaître dans ce qu’on pourrait appeler une grande cousinade.
« Etant
bien préparé, ne cherchant pas à faire un temps, je n’ai pas souffert. Par
contre, j’ai vécu ce marathon avec une grande émotion. A l’arrivée, alors
que je savais mon temps assez modeste (4h 28’11’’), je n’ai pu m’empêcher
de mimer les gestes Hussein Bolt, le sprinter Jamaïcain. Je venais de réaliser
l’un de mes rêves les plus chers. Je tenais à me le signifier pour toujours
le garder en mémoire.
« Connaissant
déjà New-York et parlant couramment anglais, j’ai moins cherché à
emmagasiner des images qu’à communiquer avec les gens qui couraient avec moi.
C’est ainsi que je suis resté une dizaine de minutes avec un handicapé
américain venu de San-Francisco qui effectuait son 1ier marathon et
qui me criait qu’il garderait son dossard toute sa vie… Un gosse, un vrai
gosse. Pardonnez-moi, il était beau à voir.
« Les
temps forts de ce marathon ?… Le départ sur le pont Verrazano…
monstrueux, on ne peut s’empêcher de parler avec ses voisis, comme pour se
rassurer. Brooklyn, les quartiers sud-américains… du vrai délire. La 4ième
Avenue et son énorme ligne droite… que l’on avale sans trop de problèmes.
Les ravitaillements… où l’on a le temps de raconter sa vie. Et puis, et
puis, il y a le final dans Central Park… c’est phénoménal… cette foule
qui vous acclame… On ne peut pas imaginer. Il faut le vivre.
« Dois-je
le préciser, j’ai enregistré une déception, mais pas dans la course, dans
l’organisation du séjour. La faute à qui ? En grande partie à
l’agence de voyage qui nous avait pris en charge. A l’arrivée un couple
n’avait pas de chambre, d’autres couples se retrouvèrent… à trois. Et
puis, lors du séjour et des visites dites organisées, on n’était pas
vraiment aidé.
« Bon, j’oublie… Aujourd’hui, je n’ai qu’une envie : y retourner. Peut-être pour le 50ième anniversaire… Je ferai tout mon possible... New-York et son marathon : c’est magique ! ».
Nicolas Alzonne