Choucroute
party pour Gone en folie Ventre
en avant, tête en arrière, Eine
«gross’ tambour» à la main, Benoîtement,
comme un bambin, Je
rotais fier et sans manière. Oui, je sais... c’est laid... Mais vivre comme Rabelais... parfois, ça me plait... Et si j’ai mis les pieds dans le plat, c’est pour imiter Gargantua... moi qui ne suis qu’un «sévère rat» (1). Cette introduction cornichon étant l’oeuvre d’un fripon... je vous en prie, mes amis : n’en croyez rien... dans la vie, je ne suis pas ainsi. Si, si... Mais, s’attabler à la Brasserie Georges, à l’issue du marathon de Lyon, pour s’offrir une superbe choucroute... ça déroute. Cette choucroute... c’est l’un des anciens demi de mêlée de l’équipe de rugby d’Orange qui nous la servit... choucroute pour les uns, salades lyonnaises, andouillettes farcies pour les autres. Qui nous la servit avec décontraction et gentillesse, jusqu’à, une fois les desserts engloutis, nous proposer un mini récital d’orgue de Barbarie sur des airs de Piaf, Brassens et Gainsbard. Tête
en arrièr’ et l’air de rien,, Eine
«gross’ tambour» à la main Petit
Bouddha, vilain gamin, En
cet’ tanière que j’étais bien. Ce n’est d’ailleurs qu’à... 17h30 pétantes que nous nous « en’alleront » repus et plus que désaltérés à la Kronenbourg. La Brasserie Georges !... Mais oui, j’y retournerai dans cet établissement sans pareil... Lorsque j’n’aurai plus mal aux orteils. Mes orteils, parlons-en. C’est vers le 31 km, dans l’enceinte du Parc de la Tête d’Or, sur le léger faux plat qui longe la ligne SNCF, qu’ils irritèrent mon attention, A cet endroit, le revêtement, couleur bonbon, des allées était dégradé. Poils aux pieds... j’en fus contrarié... d’autant que, pris d’une sauvage envie de pisser... Attendez, que j’ vous raconte... J’avais
très mal au bide Et
mon regard livide Trahissait
mon envie, Non
pas d’ faire la vie, Mais
d’ filer dans un coin Pour
m’ libérer les reins. D’autant –je répète- que pris d’une sauvage envie de pisser... je fus violemment apostrophé par une mémé endimanchée et mal embouchée. Au diable l’aventure, de telles créatures, je vous le jure, ça vous rendraient immature. Tout cela était trop... J’eus la flemme de me remettre au trot... c’est idiot. Une vingtaine de minutes plus tard, je quittais enfin ce Parc, en ébullition. Depuis bien longtemps l’homme au marteau –ce soleil pour barjos- m’avait occis le ciboulot. C’est alors, sur les bords du Rhône, au sommet du léger dos d’âne situé non loin du pont Kitchener, que Morel, le grand Christian, m’apparut au cœur de mille rayons de lumière. Combien de mots d’encouragement me lança ce cher retraité de la course à pied ? Je ne sais, mais je n’oublierai pas la petite tape amicale qu’il me fit à l’ épaule avec son seul bras valide... l’autre se la faisant bellâtre, dans le plâtre, suite à un accident... de surf !. La descente des quais du Rhône, je la fis au ralenti, m’aspergeant le crane d’une demi-douzaine de litres d’eau, marchant une vingtaine de secondes sous chaque pont pour profiter des bienfaits d’un peu de fraîcheur... d’autant que... Des
maux intestinaux Me vrillaient les boyaux. Sous
ces ponts, quelle histoire, Il
fallait que je foire Dans
les moindres recoins. Tant
pis pour mes voisins. Comment le nier, mes cousins, j’avais besoin d’éponger ma sueur, d’un peu de baume sur le cœur. Certes... Mais cette galère je l’avais voulue et surtout bien cherchée. Ma préparation à ce marathon, elle avait été trognon. Un seul 21km depuis le 30 novembre 2003 (marathon de La Rochelle), jamais deux heures d’entraînement d’affilée, depuis cette même date... une croisière sur le Nil, fin mars, et dix jours sans le moindre mètre au compteur !... L’optimisme étant mon moteur, c’est l’esprit fêtard, que j’avais pris le départ... en apprenant, notamment, que, question fantaisie, j’étais tout petit. La veille de ce marathon, Roland, Monsieur Notre Président, était aller faire du ski... et s’était retrouvé... au lit, une épaule en charpie. Mais revenons à ce marathon. Un peu dément, mais prudent, j’étais parti en dedans. Le premier « semi » se passa très gentiment. Les kilomètres suivants pareillement. Bien plus, vers le 22ième, à l’ombre de l’Hôtel de Ville, Colette m’apparut... au milieu de la rue. Elle criait, elle sautait et trépignait. « Allez Michel » qu’elle disait... Elle n’était pas là que pour moi... Je le savais. Mais qu’importe. La petite Maraval , c’est un régal... elle est géniale. Trois fois encore j’eus droit à ses encouragements géants. Sur les quais du Rhône, à la montée puis à la descente, et enfin et pour la dernière fois, à Gerland. C’était à 300 mètres de la banderole. Merveilleuse, chaleureuse, amoureuse, elle criait toujours... Colette, ça alors, je l’adore. Et sans remords... C’est un trésor. 150 mètres plus loin, me traînant comme un canard, je tombe sur Nanard. Quelque peu groggy, mais toujours debout, il serre les dents notre ami Cerdan. Je lui prends le poignet droit, lui glisse un sulfureux «Viens Nanard» et... comme une limace... le passe... Surgissent enfin les cent derniers mètres. Cacou pour l’éternité, j’oublie mon copain, et moi, qui jusqu’à présent n’ai fait que des vents... je m’fais la malle, véritable trou de balle. Au final, dix secondes nous sépareront... Parfois, je me sens con. Dieu me pardonne. Moi le gone, je ne sors pas de la Sorbonne... Pour vous le confier simplement, mon bonheur est riche de menus délires et de cent mille plaisirs... faciles à saisir. Et puis, comme disait ma grand’mère, « faut pas péter plus haut qu’on a les fesses placées »... surtout, ma loute... lorsqu’on s’est attablé devant «eine» grosse choucroute. --- Respectueusement
votre – MS --- (1)
Un jeu de mots, comme un autre, qui m’oblige à présenter mes excuses
les plus plates à tous mes ancêtres : les Seveyrat et avant eux
les Seveyrac ; «l’état-civil françois», et plus spécialement
ardéchois, ayant, en 1837, joué au foot avec le C pour le transformer
en T. Cela dit, et même si j’n’ouïs rien au latin, Seveyrac est la
contraction de «severacum». Le suffixe «acum» indiquant une notion
d’appartenance, mes très lointains ancêtres étaient donc,
vraisemblablement, des pélos au service d’un gugus appelé Sévère,
sans doute un militaire romain. Etant un descendant de «vilains», je
me reconnais bien. (Paru
dans Jogginfo 2004, N°2)
|