«J’ai
les pattes
d’un cul d’jatte... Des mollets
très mollets...» «Ah
mon Dieu
qu’c’est embêtant
Je n’suis
pas bien portant» Gerland,
8h 10... la vie est belle... plume d’hirondelle... vive le
Jocel : «J’ai
les cannes d’Superman
et les g’noux d’un gourou» «J’ai
le coeur en chaleur
les doigts d’pieds éveillés...
Le fessier mal-peigné
et l’zizi qui
sourit» « Ah
mon Dieu qu’c’est
excitant.... Je
me sens très
bien portant » Gerland,
9h pétantes... trop occupé à délirer avec l’ami Rusli, je
n’entends pas le coup de pétard du départ... et oui, toujours jobard
le tocard. Qu’à cela ne
tienne, sur fond de musique brésilienne, je la joue à l’ancienne...
Le temps de faire le tour du Stade et me re-voici... d’où je suis
parti... ce qui, brusquement, m’amène à philosopher (car
fils-de-l’oeuf je suis) sur tous ces conquérants de l’inutile qui
s’agitent autour de moi :. Se taper 42 bornes pour revenir... à
son point de départ... faut être un peu gelé de la bouillotte... et
se traîner une jugeote bien
pâlotte... Certes, mais être capable de penser (!), le torse bombé et
la cuisse galbée... hé, en cet instant, je suis assez content de moi ( !
). Pour
l’heure, en effet : « J’ai
les pattes qui m’épatent les
orteils bien pareils » « Les
poumons hyper bons le
thorax droit dans l’axe. » « P’tit
vaurien très malin...
l’air de rien j’me
sens bien » Rusli
rassuré s’en est allé. C’est vrai que, pour m’éviter
tout malheur, j’ai
mis le compteur sur 10 à l’heure... Rue Mérieux, ça fait le bonheur
de Carole qui m’enrhume... j’aimerais la prendre en grippe, mais la
jolie souris me dédie un « Allez Mimi » qui m’radoucit.
Une petite boucle dans le quartier de La Mouche endormi et nous revoici
avenue Debourg. Là, c’est Florence qui me tire sa révérence... Au
Jocel, sont pas mal, ni banales, ces dames du macadam...
Bien
plus que l’envol de ces deux amies, ce sont les deux p’tits tours
imposés dans les rues de ce VII° arrondissement roupillant, qui
m’irritent la citrouille. Bref,
l’esprit chagrin, j’arrive néanmoins, comme un pingouin, en 1h
04mn, au 10° km situé avenue Leclerc.
Un tout petit peu plus loin, la foule amassée à l’approche du
pont Pasteur m’apporte un brin de chaleur.
Le site est enchanteur, mais le meilleur, c’est sur le pont que
je le découvre en croisant les allumés du 10km... parmi eux Gigi et
son sourire charmant, puis
le président Roland
qui, à mon
attention, hurle comme un dément
‘elle est pas belle la vie’... mais si, mais si, j’en suis
ravi. Cours
Charlemagne, «sacré, sacré Charlemagne...» je songe brusquement à...
France Gall et à mes 20 ans... allons donc, même essoufflé, il est
permis de rêver.. C’est ainsi, quai Rambaud, que je fis le beau. Pas
très longtemps d’ailleurs, car c’était inutile : l’entrée
de la place Bellecour, les rues V. Hugo, Franklin et A. Comte avaient
les reflets du désert de Gobie, sans le moindre zombie... Rue d’la
Barre, quai Gailleton, pont de l’U, pont d’la Guille, rue d’la
Barre... de ces détours et contours déjà j’en ai marre... Vide
comme le litron d’un pochetron, la rue d’la Ré me donne envie de
pisser... ce que je fais en lousdé !... Pont
Morand, quai de Serbie... j’arrive au 20° km en 2h 06. J’suis pile
(électrique) dans mes prévisions. Mais il fait de plus en plus chaud.
Sur la voie rapide qui remonte le Rhône ça cuit, cuit... et ça sent
le roussi. Arrive
enfin l’entrée dans le Parc de la Tête d’Or... comme promis,
l’ami Guy-Guy Champetier m’attend d’un bon pied. C’est mon pote,
l’Ardéchois du Jocel. Il est parti pour me supporter toute une éternité...
4km plus loin, dans la petite montée qui permet de sortir du Parc, un
coup d’aiguillon me zigouine (c’est pas gay) le mollet droit. Un
poste de la Croix Rouge est là qui me tend les bras... Pour la première
fois de ma vie, sans hésiter, je m’fais masser... par un bel éphèbe !...
La trentaine sereine, un doigté à chavirer, il ne cessera de me
demander « J’vous fais mal Môssieur ? J’vous fais mal Môssieur ? ».
Et moi, tel l’autruchon fanfaron, d’affirmer comme un couillon :
« Non, non... » alors qu’il me martyrisait... Vouai, il était
bonbon ce garçon ...
Mais, n’en parlons plus... en ce 23 avril, il est 11h50 : « J’ai
la rate raplaplate... et le
foie de guingois... . « Les
gambettes en goguette... et
les ge’noux à genoux » « J’ai
l’bassin pas très sain...
et les seins sous l’bassin » «J’ai
le sex tout perplexe.. et
les reins pas très bien... » « Ah
mon Dieu qu’c’est embêtant... je n’suis pas bien portant » Je
repars, cahin-caha... Tout ira correctement le long du Rhône, mais dans
la petite montée qui ramène au quai de Serbie je subis, pour la deuxième
fois, mon mollet droit très pisse-froid. Ensuite... nouvelle marche
pour ‘monter’ sur le pont Morand. Dès lors, je ne joue plus la Comédie,
même sur la place du même nom. La rue de Brest n’est pas du
tonnerre. Place Bellecour, le Roi Soleil se moque de ma défroque de
loque... Le mec chocolat, «c’est moi»... A mes côtés, Guy-Guy en
est tout coi. « J’ai
les pattes d’un cul-de-jatte... Les mollets très mollets » « Les
rotules qui ondulent... et l’sacrum c’est tout comme... » « J’ai
une tête d’alouette... Entre
nous, c’est pas tout... » « J’ai
le cou bien trop
mou...... l’trou du cou qui
s’ découd !... Aaaaaah...
Mon Dieu !...» Nouvelle
marche-limace pour gravir le pont Kitchener... j’ai les nerfs. Au
milieu de l’aller-retour du quai J-J Rousseau, finie la philosophie,
je jette l’éponge : je terminerai, comme le duc... à ma
guise,... étonné toutefois par le nombre de traîne-la-patte (une
bonne demi-douzaine) qui, portable à l’oreille, évoquent leurs
malheurs avec leur p’tite amie, leur mama ou leurs moutards... Pour ma
part, obsédé par mon mollet de poulet, j’avance comme un canard...
en tortillant du pétard.
Au diable ‘les varices’... plus très fier,
mais pépère, j’récupère.
Sur le pont Pasteur, je suis vacciné,
la santé j’ai retrouvée. Rue
Jean Bouin, à 800m de l’arrivée, une délégation du Jocel me
rabroue : « Qu’est-ce tu fous,
on t’cherche
partout ! ». Mais,
aujourd’hui mes Gones... que la Madone me pardonne... avec ma voix de
pionne... j’vous
l’fredonne... comme personne : « J’ai
la rate qui s’éclate... Et le foie en émoi... » « Les
ovules en virgule... Et l’machin pas très fin.... » « Tête
de folle j’batifolle...
Car l’alcool m’affriole...» « Et
ma foi, si je bois...
L’paradis m’est promis... » Avec Guy-Guy, mon ami « Ah
mon Dieu qu’c’est
excitant... d’être toujours patraque » « Ah
mon Dieu qu’c’est
émouvant... je
n’suis qu’un charlatan ». Très bancalement votre M. S |