Marathon de Lyon - 2006

«J’ai les pattes  d’un cul d’jatte... Des mollets  très mollets...»

«Ah mon Dieu  qu’c’est embêtant   Je n’suis  pas bien portant»

Gerland,   8h 10... la vie est belle... plume d’hirondelle... vive le Jocel :

 «J’ai la rate  d’un pirate   et le foie  qui y croit».

«J’ai les cannes  d’Superman   et les g’noux d’un gourou»

«J’ai le coeur  en chaleur   les doigts d’pieds  éveillés... Le fessier   mal-peigné     et l’zizi  qui sourit»

« Ah  mon Dieu   qu’c’est excitant....   Je  me sens   très bien portant »

Gerland, 9h pétantes... trop occupé à délirer avec l’ami Rusli, je n’entends pas le coup de pétard du départ... et oui, toujours jobard le tocard.  Qu’à cela ne tienne, sur fond de musique brésilienne, je la joue à l’ancienne... Le temps de faire le tour du Stade et me re-voici... d’où je suis parti... ce qui, brusquement, m’amène à philosopher (car fils-de-l’oeuf je suis) sur tous ces conquérants de l’inutile qui s’agitent autour de moi :. Se taper 42 bornes pour revenir... à son point de départ... faut être un peu gelé de la bouillotte... et se traîner  une jugeote bien pâlotte... Certes, mais être capable de penser (!), le torse bombé et la cuisse galbée... hé, en cet instant, je suis assez content de moi ( ! ).     Pour l’heure, en effet :

« J’ai les pattes qui m’épatent   les orteils bien pareils »

« Les poumons hyper bons    le thorax droit dans l’axe. »

« P’tit vaurien   très malin... l’air de rien   j’me sens bien    »

Rusli rassuré s’en est allé. C’est vrai que, pour m’éviter  tout  malheur, j’ai mis le compteur sur 10 à l’heure... Rue Mérieux, ça fait le bonheur de Carole qui m’enrhume... j’aimerais la prendre en grippe, mais la jolie souris me dédie un « Allez Mimi » qui m’radoucit. Une petite boucle dans le quartier de La Mouche endormi et nous revoici avenue Debourg. Là, c’est Florence qui me tire sa révérence... Au Jocel, sont pas mal, ni banales, ces dames du macadam... 

Bien plus que l’envol de ces deux amies, ce sont les deux p’tits tours imposés dans les rues de ce VII° arrondissement roupillant, qui m’irritent la citrouille.  Bref, l’esprit chagrin, j’arrive néanmoins, comme un pingouin, en 1h 04mn, au 10° km situé avenue Leclerc.   Un tout petit peu plus loin, la foule amassée à l’approche du pont Pasteur m’apporte un brin de chaleur.   Le site est enchanteur, mais le meilleur, c’est sur le pont que je le découvre en croisant les allumés du 10km... parmi eux Gigi et son sourire charmant,   puis le président  Roland  qui,  à mon attention,  hurle comme un dément  ‘elle est pas belle la vie’... mais si, mais si, j’en suis ravi.

Cours Charlemagne, «sacré, sacré Charlemagne...» je songe brusquement à... France Gall et à mes 20 ans... allons donc, même essoufflé, il est permis de rêver.. C’est ainsi, quai Rambaud, que je fis le beau. Pas très longtemps d’ailleurs, car c’était inutile : l’entrée de la place Bellecour, les rues V. Hugo, Franklin et A. Comte avaient les reflets du désert de Gobie, sans le moindre zombie... Rue d’la Barre, quai Gailleton, pont de l’U, pont d’la Guille, rue d’la Barre... de ces détours et contours déjà j’en ai marre... Vide comme le litron d’un pochetron, la rue d’la Ré me donne envie de pisser... ce que je fais en lousdé !...

Pont Morand, quai de Serbie... j’arrive au 20° km en 2h 06. J’suis pile (électrique) dans mes prévisions. Mais il fait de plus en plus chaud. Sur la voie rapide qui remonte le Rhône ça cuit, cuit... et ça sent le roussi.

Arrive enfin l’entrée dans le Parc de la Tête d’Or... comme promis, l’ami Guy-Guy Champetier m’attend d’un bon pied. C’est mon pote, l’Ardéchois du Jocel. Il est parti pour me supporter toute une éternité... 4km plus loin, dans la petite montée qui permet de sortir du Parc, un coup d’aiguillon me zigouine (c’est pas gay) le mollet droit. Un poste de la Croix Rouge est là qui me tend les bras... Pour la première fois de ma vie, sans hésiter, je m’fais masser... par un bel éphèbe !... La trentaine sereine, un doigté à chavirer, il ne cessera de me demander « J’vous fais mal Môssieur ? J’vous fais mal Môssieur ? ». Et moi, tel l’autruchon fanfaron, d’affirmer comme un couillon : « Non, non... » alors qu’il me martyrisait... Vouai, il était bonbon ce garçon ...       Mais, n’en parlons plus... en ce 23 avril, il est 11h50 :

« J’ai la rate  raplaplate... et le foie  de guingois... .

« Les gambettes  en goguette... et les ge’noux à genoux »

« J’ai l’bassin  pas très sain... et les seins  sous l’bassin »

«J’ai le sex  tout perplexe.. et les reins  pas très bien... »

« Ah mon Dieu qu’c’est embêtant... je n’suis pas bien portant »

Je repars, cahin-caha... Tout ira correctement le long du Rhône, mais dans la petite montée qui ramène au quai de Serbie je subis, pour la deuxième fois, mon mollet droit très pisse-froid. Ensuite... nouvelle marche pour ‘monter’ sur le pont Morand. Dès lors, je ne joue plus la Comédie, même sur la place du même nom. La rue de Brest n’est pas du tonnerre. Place Bellecour, le Roi Soleil se moque de ma défroque de loque... Le mec chocolat, «c’est moi»... A mes côtés, Guy-Guy en est tout coi.

« J’ai les pattes d’un cul-de-jatte... Les mollets très mollets »

« Les rotules qui ondulent... et l’sacrum c’est tout comme... »

« J’ai une tête d’alouette...  Entre nous, c’est pas tout... »

« J’ai le cou   bien trop mou...... l’trou du cou   qui s’ découd !... Aaaaaah...  Mon Dieu !...»

Nouvelle marche-limace pour gravir le pont Kitchener... j’ai les nerfs. Au milieu de l’aller-retour du quai J-J Rousseau, finie la philosophie, je jette l’éponge : je terminerai, comme le duc... à ma guise,... étonné toutefois par le nombre de traîne-la-patte (une bonne demi-douzaine) qui, portable à l’oreille, évoquent leurs malheurs avec leur p’tite amie, leur mama ou leurs moutards... Pour ma part, obsédé par mon mollet de poulet, j’avance comme un canard... en tortillant du pétard.    Au diable ‘les varices’... plus très fier,  mais pépère,  j’récupère.   Sur le pont Pasteur, je suis vacciné,  la santé j’ai retrouvée.

Rue Jean Bouin, à 800m de l’arrivée, une délégation du Jocel me rabroue : « Qu’est-ce tu fous,  on  t’cherche partout ! ». C’est alors, sourire aux dents, ventre en dedans... très rassurant  que, rigolo pas beau,  j’fais l’cabot... pour la photo !. Cela dit, et par la grâce de mon mollet droit aux abois, je serai obligé (misère, misère, sacrée première)... je serai obligé de m’arrêter, par deux fois... dans les 100 derniers mètres !.

Mais, aujourd’hui mes Gones... que la Madone me pardonne... avec ma voix de pionne...  j’vous l’fredonne... comme personne :

« J’ai la rate qui s’éclate... Et le foie en émoi... »

« Les ovules en virgule... Et l’machin pas très fin.... »

« Tête de folle    j’batifolle...  Car l’alcool    m’affriole...»

« Et ma foi,  si je bois... L’paradis m’est promis... »

Avec Guy-Guy, mon ami                   

« Ah mon Dieu  qu’c’est excitant... d’être toujours patraque »

« Ah mon Dieu  qu’c’est  émouvant...  je n’suis  qu’un charlatan ».

 

Très bancalement votre M. S