Marathon de la baie du Mont Saint Michel - juin 2005

« Pour  Patrick »

Comme des mouches grillées...  ils tombaient.

Routiers déglingués, coureurs affûtés...  ils tombaient.

Gens de bien, simples vauriens...  ils tombaient.

Au diable leur philosophie, leur religion... ils tombaient... quels que soient leur âge et leurs manières, quels que soient leur origine et leur morale... Don Juan trop bien hâlés, savetiers à la peau ridée... adultes expérimentés, adolescents tourmentés... adversaires d’un jour, partenaires pour toujours... ils tombaient... Marathoniens, spectateurs... bénévoles de la Croix-Rouge... ils tombaient sous la canicule.

 C’est alors, vers les 11h30, que les organisateurs –le crève-cœur au cœur, mais le sens des responsabilités chevillé aux neurones- que les organisateurs décidèrent l’impensable : neutraliser la course. Question médecins, le point de rupture approchait ; question ambulances, le royaume des turbulences imposait peu à peu sa violence.

A partir du kilomètre 31, des membres de l’organisation s’échelonnèrent au milieu de la chaussée et placèrent les coureurs devant leurs responsabilités, les invitant à se prononcer avec maturité.

Face aux conditions de l’impossible, Mesdames et Messieurs de l’Organisation vous avez fait de votre mieux. Dans ce contexte, le quidam que je suis –qui n’a pas hésité à abandonner- vous offre toute sa solidarité. C’est peu, c’est rien... c’est mon cœur. Aujourd’hui (*), je souhaite de toutes mes forces que le votre soit assez fort pour vous permettre de supporter la terrible épreuve à laquelle vous avez été et vous êtes toujours confrontés... cela pour que vous puissiez faire vivre ce somptueux marathon... même si une réflexion doit être engagée et des aménagements trouvés.

Non, ce n’est pas à ceux qui travaillent – bénévolement ou non- de porter tous les maux de la création... Non, ce n’est pas parce qu’on a payé un droit d’inscription que l’on doit revendiquer son droit à l’irresponsabilité...

Bien sûr, je n’ai pas tout vu, mais, au départ, je n’ai pas aperçu plus d’une trentaine de casquettes sahariennes. Trêve de non-dits, les deux-tiers (si ce n’est plus) des individus qui s’alignèrent à Cancale n’avaient pas le moindre couvercle sur la cafetière... alors que tout le monde, tout le monde savait que ce serait l’enfer.

Ce n’est pas pour autant que la disparition de Patrick (qui s’écroula au 24° km et nous quitta pour toujours, dans la nuit, à l’hôpital de Cancale) doit tomber dans l’oubli. Notre sympathie doit aller, sans réserve, à la famille de ce frère de route que nous ne connaissions pas.   Ne pouvons-nous pas envisager une minute de silence en 2006 ? Et puis, plus concrètement, ne pouvons-nous pas, nous marathoniens, accepter de régler une participation supplémentaire « Pour Patrick », de 3 à 5 €, à l’occasion de quelques unes des prochaines éditions,.

Ce Marathon de la Baie du Mont Saint Michel est une très, très belle organisation. Sans doute a-t-elle grandi trop vite !. Sans doute est-on enclin à lui faire payer la rançon de son succès !. Sans doute...  Mais, pour toutes les filles et tous les garçons du Jogging Club de l’Est Lyonnais qui eurent le bonheur de participer à cette VIII° édition (qu’ils terminèrent ou non), ce Marathon reste une exception à la taille du Mont...  Un  Monument.

Michel  SEVEYRAT

(*)  Texte rédigé le dimanche 26/06/2005

Paroles  de  Joceliens

36° à l’abri... sur l’enseigne d’une pharmacie. Pas un brin d’air dans les polders. Et pratiquement pas le plus petit passage ombragé...   Saint Michel... pour nombre d’entre nous, bien plus qu’une galère, ce fut l’enfer. 

« De la folie, je n’avais jamais connu ça », ne cessait de clamer Roland, notre cher président, ajoutant : « Ce qui m’a le plus marqué, c’est la vision de ces trois gars sous perfusion, que j’ai vus allongés sur le bord de la route. Hallucinant. La vérité vraie, ça ma collé les chocottes. En voyant le  troisième, j’ai eu la chair de poule. J’avoue que je me suis posé des questions ». L’émotion passée, Roland s’est toutefois mis à positiver comme un forcené. « On revient tous ensemble... Avec deux alertes, certes, en ce qui concerne Michel Bourgeay et Alex Pomares. Mais on est tous là. Finalement on aura passé trois jours exceptionnels... Avec, notamment, notre visite nocturne, le vendredi soir, d’un Mont Saint Michel parfaitement éclairé, c’était magique... et puis, aussi, notre balade à la Pointe du Groin, ainsi que celle qui nous conduisit sur la digue du port de Cancale, le samedi. 

Guerrier, déjà cent fois éprouvé,  Guy Rodriguez fait partie de ceux qui ont le moins souffert. Ce qu’il retient : « Cette foule immense dans la traversée des villages, sa gentillesse, son amitié. Et puis, à partir du 40° kilomètre, ces barrières de chaque côté, sans discontinuer... Encore plus fort qu’au Tour de France... car là, il y avait 3 à 4 rangées de spectateurs pour nous encourager ».

La taille fine et la démarche féline, Monique Bourgeay, supporta la fournaise sans trop de problèmes. Pour preuve, au Jocel seul le grand Jean Pierre la devança. Elle eut pourtant le grand frisson. « Oh oui, à l’arrivée... Je n’oublierai jamais l’intérieur de la tente des secouristes... -un ça puait, c’était une horreur  -deux, j’ai vu mon homme qu’on emmenait sur une couchette... C’est pas qu’il soit beau, ni très gros, mais c’est mon mec. Vouai, je le reconnais, j’étais pas fière ».

Michel, son mec, ne se souvient de presque rien. « Une fois sur la couchette, il paraît que je me suis endormi. Ce qui m’a tordu, c’est le cagnard. Mais je revois bien une demi-douzaine de braves gens me donnant à boire, et j’ai toujours en bouche le petit vin blanc du resto de Cancale ».

Michel Butin, lui, n’oubliera rien. « Pour moi, ce fut ‘Voyage au bout de l’enfer’... J’ai véritablement souffert. Parfois, j’avais l’impression d’étouffer. Et puis, il y avait tous ces gars sur le bord de la route, c’était terrifiant. Je m’disais, pourvu qu’il n’y ai personne du Jocel. Mais, ce que je retiens, ce sont les 200 derniers mètres sur le tapis rouge, avec le Saint Michel derrière. Grandiose ».

Autre Michel et non des moindres, Nicolas. « Lorsque la course a été neutralisée, j’ai pas eu la volonté de continuer. J’ai attendu une navette. Une fois assis, je me suis repris et lorsque le car a doublé Michou-Bidou, j’ai gambergé. Lui, il marchait comme une bête... Je me suis couché sur ma banquette, pour qu’il ne voit pas ma tête. A 4km du but, je suis descendu pour finir crânement et j’ai fais le cake quand il est arrivé. Michou-le-petit c’est mon pote. Pour une fois que je pouvais l’enfler, je m’suis pas privé. Pour sûr, il marronnait dur. Sa tronche, c’était Hallowen... je n’oublierai pas ».

Michou justement, s’il parle canicule, soleil de cinglé, enfer et damnation... il garde en mémoire le visage de bambin joufflu du Nicolas. « A l’arrivée, il m’attendait. Il n’était pas essoufflé et il souriait... Je l’avais largué au 3° km, ensuite il ne m’avait pas doublé. Je l’aurai vu. Tiens, laisse béton, c’est un bouffon... Passe moi un canon ». 

De la canicule... Alex Pomares ne voulait plus en parler, Lui qui failli tourner de l’œil dans le car qui le ramenait au parking ramène un souvenir bien particulier : « Les talons du couple que j’ai suivi à partir du 34° kilomètre. J’étais un mètre derrière, une crampe au mollet gauche. Du regard, je me suis accroché à leurs tatanes comme à une bouée... Oui, ces quatre talons, j’les ai aimés ». Le Pomares, c’est un coquin, v’la désormais qu’il prend son  pied avec ceux des autres. Non, non, il n’est pas comme nous autres.

Pas sain... « l’essaim Michel »

A se prendre pour des  saints... au sein... du club de mon cœur, ils sont cinq... Ce sont les  « cinq Michel »  du Jocel    qui, lorsqu’ils s’entraînent, forment « l’essaim... Michel ».

Sym...pathiques, bien que sin...guliers, ils constituent l’A.D.M !. Cherchez pas Docteur... c’est l’Amicale Des Michel... Intellectuel... Non ?

Marqués par le syn...drome de la danse de saint...guy, ils s’in...clinent, chaque dimanche, au saint... office de la course à pied !. Grand dieu !. Saint Michel priez pour eux... Modestes amoureux des chemins creux, ils se traînent, parfois, comme des p’tits vieux... Pour trois d’entre eux, c’est piteux... Ces cinq loqueteux toussoteux (je sais de quoi je parle... j’en fais partie) sont, par ordre alphabétique et hiérarchique : Michel Bourgeay, Michel Butin, Michel Liabeuf, Michel Nicolas, Michel Seveyrat.

En cette année 2005, se prenant au jeu, il avait décidé d’aller renifler l’un des pitons de leur Saint Patron... Ah les bouffons... D’aller s’éclater sur le Marathon de la Baie (et bé...) du Mont Saint Michel... S’éclater !.. Deux d’entre eux explosèrent, les trois autres crièrent misère.

Retour en arrière... Le dimanche matin 19 juin, maternés par ces  saint...bernard, que sont Panetta, Namouric et Gonzales, puis munis d’un blanc seing... nos cinq coquins se retrouvèrent, à dessein... à Cancale, pour une bacchanale  pédestre annoncée des plus chaleureuses. Le ventre plein, ils ne redoutaient plus rien. La veille, à Saint... Malo, n’avaient-ils pas, lors d’une pasta-party, prié sain...doux, saint... paulin, saint... pourcin et saint... honoré ; avant d’aller se poser, rassasiés, sur un saint... siège de fortune. Une sacrée sym...phonie. J’vous ferai un dessin...

A Cancale donc, sur l’aire (de rien) du départ, son dessein... en main, « l’essaim Michel » s’éparpilla.

Michel Bourgeay prit les devants avec Maman (pardon Monique), sa tendre épouse, qui dans les 12 derniers kilomètres le crucifia en le laissant à 20 minutes. Cin...glant pour ce cavaleur, qui, une fois la ligne d’arrivée passée, frôla la sym...cope, avant d’atterrir dans les bras d’un méde...cin.

Michel Butin, qui retrouvait le marathon après plus de 15 ans d’abstinence, s’obligea un départ prudent, avant, chemin faisant, de rattraper ‘M. Notre Président’ et de finir à pas de géant. Tout un sym...bole que ce généreux spadas...sin.

Sa sain...teté Michel Liabeuf, qui quelques semaines plus tôt avait marathoné dans les rues de Londres, préféra se faire tout petit (facile avec son mètre dix). C’est ainsi que Michou-Bidou, battit son record de lenteur. «Au tarif syn...dical, j’aurais fait mon beurre» qu’il lança, avec sin...cérité, notre nain.

Ne se sentant pas très vaillant, Michel Seveyrat (des champs) décida de jouer les chevaliers galants en unissant, au 7° km, sa destiné à la petite Varciat, Monique-la-guerrière. Plus prudents que conquérants, les deux enfants abandonnèrent main dans la main, au 22km, en voyant, il est vrai, un certain Domi couché dans la poussière, les pieds en l’air; sym...ptomatique pour un moustique.

Et le cin...quième ? Pauvre rous...sin, il arriva toutefois avant la Saint Glin Glin... après avoir pris une navette ! Ce qu’il ne précisa, que bien plus tard, sous la forme d’un poème assas...sin.  Michel Nicolas n’est plus un saint... lorsqu’il s’agit d’emplumer Michou-Bidou qui, c’est certain, n’est jamais en retard quand il faut le sin...ger (poil au nez).

Si cette syn...thèse vous a plu n’en parlons plus. Mais attention, que le Saint... Esprit vous garde : l’est pas très sain « l’essaim Michel ». Parfois, ça me fait mal au sein.

M.S.