«
Pour Patrick
» Comme
des mouches grillées... ils
tombaient. Routiers
déglingués, coureurs affûtés...
ils tombaient. Gens
de bien, simples vauriens... ils
tombaient. Au
diable leur philosophie, leur religion... ils tombaient... quels que
soient leur âge et leurs manières, quels que soient leur origine et
leur morale... Don Juan trop bien hâlés, savetiers à la peau ridée...
adultes expérimentés, adolescents tourmentés... adversaires d’un
jour, partenaires pour toujours... ils tombaient... Marathoniens,
spectateurs... bénévoles de la Croix-Rouge... ils tombaient sous la
canicule. C’est
alors, vers les 11h30, que les organisateurs –le crève-cœur au cœur,
mais le sens des responsabilités chevillé aux neurones- que les
organisateurs décidèrent l’impensable : neutraliser la course.
Question médecins, le point de rupture approchait ; question
ambulances, le royaume des turbulences imposait peu à peu sa violence. A
partir du kilomètre 31, des membres de l’organisation s’échelonnèrent
au milieu de la chaussée et placèrent les coureurs devant leurs
responsabilités, les invitant à se prononcer avec maturité. Face
aux conditions de l’impossible, Mesdames et Messieurs de l’Organisation
vous avez fait de votre mieux. Dans ce contexte, le quidam que je suis
–qui n’a pas hésité à abandonner- vous offre toute sa solidarité.
C’est peu, c’est rien... c’est mon cœur. Aujourd’hui (*), je
souhaite de toutes mes forces que le votre soit assez fort pour vous
permettre de supporter la terrible épreuve à laquelle vous avez été
et vous êtes toujours confrontés... cela pour que vous puissiez faire
vivre ce somptueux marathon... même si une réflexion doit être engagée
et des aménagements trouvés. Non,
ce n’est pas à ceux qui travaillent – bénévolement ou non- de
porter tous les maux de la création... Non, ce n’est pas parce
qu’on a payé un droit d’inscription que l’on doit revendiquer son
droit à l’irresponsabilité... Bien
sûr, je n’ai pas tout vu, mais, au départ, je n’ai pas aperçu
plus d’une trentaine de casquettes sahariennes. Trêve de non-dits,
les deux-tiers (si ce n’est plus) des individus qui s’alignèrent à
Cancale n’avaient pas le moindre couvercle sur la cafetière... alors
que tout le monde, tout le monde savait que ce serait l’enfer. Ce
n’est pas pour autant que la disparition de Patrick (qui s’écroula
au 24° km et nous quitta pour toujours, dans la nuit, à l’hôpital
de Cancale) doit tomber dans l’oubli. Notre sympathie doit aller, sans
réserve, à la famille de ce frère de route que nous ne connaissions
pas. Ne pouvons-nous
pas envisager une minute de silence en 2006 ? Et puis, plus concrètement,
ne pouvons-nous pas, nous marathoniens, accepter de régler une
participation supplémentaire « Pour Patrick », de 3 à 5
€, à l’occasion de quelques unes des prochaines éditions,. Ce
Marathon de la Baie du Mont Saint Michel est une très, très belle
organisation. Sans doute a-t-elle grandi trop vite !. Sans doute
est-on enclin à lui faire payer la rançon de son succès !. Sans
doute... Mais, pour toutes
les filles et tous les garçons du Jogging Club de l’Est Lyonnais qui
eurent le bonheur de participer à cette VIII° édition (qu’ils
terminèrent ou non), ce Marathon reste une exception à la taille du
Mont... Un Monument. Michel SEVEYRAT(*)
Texte rédigé le dimanche 26/06/2005 Paroles
de
Joceliens 36° à
l’abri... sur l’enseigne d’une pharmacie. Pas un brin d’air dans
les polders. Et pratiquement pas le plus petit passage ombragé...
Saint Michel... pour nombre d’entre nous, bien plus qu’une
galère, ce fut l’enfer.
« De la
folie, je n’avais jamais connu ça », ne cessait de clamer
Roland, notre cher président, ajoutant : « Ce qui m’a le
plus marqué, c’est la vision de ces trois gars sous perfusion, que
j’ai vus allongés sur le bord de la route. Hallucinant. La vérité
vraie, ça ma collé les chocottes. En voyant le
troisième, j’ai eu la chair de poule. J’avoue que je me suis
posé des questions ». L’émotion passée, Roland s’est toutefois
mis à positiver comme un forcené. « On revient tous ensemble...
Avec deux alertes, certes, en ce qui concerne Michel Bourgeay et Alex
Pomares. Mais on est tous là. Finalement on aura passé trois jours
exceptionnels... Avec, notamment, notre visite nocturne, le vendredi
soir, d’un Mont Saint Michel parfaitement éclairé, c’était
magique... et puis, aussi, notre balade à la Pointe du Groin, ainsi que
celle qui nous conduisit sur la digue du port de Cancale, le samedi.
Guerrier, déjà
cent fois éprouvé, Guy Rodriguez fait partie de ceux qui ont le
moins souffert. Ce qu’il retient : « Cette foule immense dans la
traversée des villages, sa gentillesse, son amitié. Et puis, à partir
du 40° kilomètre, ces barrières de chaque côté, sans
discontinuer... Encore plus fort qu’au Tour de France... car là, il y
avait 3 à 4 rangées de spectateurs pour nous encourager ». La taille fine
et la démarche féline, Monique Bourgeay, supporta la fournaise sans
trop de problèmes. Pour preuve, au Jocel seul le grand Jean Pierre la
devança. Elle eut pourtant le grand frisson. « Oh oui, à
l’arrivée... Je n’oublierai jamais l’intérieur de la tente des
secouristes... -un ça puait, c’était une horreur
-deux, j’ai vu mon homme qu’on emmenait sur une couchette...
C’est pas qu’il soit beau, ni très gros, mais c’est mon mec.
Vouai, je le reconnais, j’étais pas fière ». Michel, son
mec, ne se souvient de presque rien. « Une fois sur la couchette,
il paraît que je me suis endormi. Ce qui m’a tordu, c’est le
cagnard. Mais je revois bien une demi-douzaine de braves gens me donnant
à boire, et j’ai toujours en bouche le petit vin blanc du resto de
Cancale ». Michel Butin,
lui, n’oubliera rien. « Pour moi, ce fut ‘Voyage au bout de
l’enfer’... J’ai véritablement souffert. Parfois, j’avais
l’impression d’étouffer. Et puis, il y avait tous ces gars sur le
bord de la route, c’était terrifiant. Je m’disais, pourvu qu’il
n’y ai personne du Jocel. Mais, ce que je retiens, ce sont les 200
derniers mètres sur le tapis rouge, avec le Saint Michel derrière.
Grandiose ». Autre Michel et
non des moindres, Nicolas. « Lorsque la course a été neutralisée,
j’ai pas eu la volonté de continuer. J’ai attendu une navette. Une
fois assis, je me suis repris et lorsque le car a doublé Michou-Bidou,
j’ai gambergé. Lui, il marchait comme une bête... Je me suis couché
sur ma banquette, pour qu’il ne voit pas ma tête. A 4km du but, je
suis descendu pour finir crânement et j’ai fais le cake quand il est
arrivé. Michou-le-petit c’est mon pote. Pour une fois que je pouvais
l’enfler, je m’suis pas privé. Pour sûr, il marronnait dur. Sa
tronche, c’était Hallowen... je n’oublierai pas ». Michou
justement, s’il parle canicule, soleil de cinglé, enfer et
damnation... il garde en mémoire le visage de bambin joufflu du
Nicolas. « A l’arrivée, il m’attendait. Il n’était pas
essoufflé et il souriait... Je l’avais largué au 3° km, ensuite il
ne m’avait pas doublé. Je l’aurai vu. Tiens, laisse béton, c’est
un bouffon... Passe moi un canon ».
De la
canicule... Alex Pomares ne voulait plus en parler, Lui qui failli
tourner de l’œil dans le car qui le ramenait au parking ramène un
souvenir bien particulier : « Les talons du couple que j’ai
suivi à partir du 34° kilomètre. J’étais un mètre derrière, une
crampe au mollet gauche. Du regard, je me suis accroché à leurs
tatanes comme à une bouée... Oui, ces quatre talons, j’les ai aimés ».
Le Pomares, c’est un coquin, v’la désormais qu’il prend son
pied avec ceux des autres. Non, non, il n’est pas comme nous
autres. Pas
sain... « l’essaim Michel »
A
se prendre pour des saints...
au sein... du club de mon cœur, ils sont cinq... Ce sont les
« cinq Michel » du Jocel qui, lorsqu’ils s’entraînent, forment
« l’essaim... Michel ». Sym...pathiques,
bien que sin...guliers, ils constituent l’A.D.M !.
Cherchez pas Docteur... c’est l’Amicale Des Michel...
Intellectuel... Non ? Marqués
par le syn...drome de la danse de saint...guy, ils s’in...clinent,
chaque dimanche, au saint... office de la course à pied !.
Grand dieu !. Saint Michel priez pour eux... Modestes amoureux des
chemins creux, ils se traînent, parfois, comme des p’tits vieux...
Pour trois d’entre eux, c’est piteux... Ces cinq loqueteux
toussoteux (je sais de quoi je parle... j’en fais partie) sont, par
ordre alphabétique et hiérarchique : Michel Bourgeay, Michel
Butin, Michel Liabeuf, Michel Nicolas, Michel Seveyrat. En
cette année 2005, se prenant au jeu, il avait décidé d’aller
renifler l’un des pitons de leur Saint Patron... Ah les bouffons...
D’aller s’éclater sur le Marathon de la Baie (et bé...) du Mont
Saint Michel... S’éclater !.. Deux d’entre eux explosèrent,
les trois autres crièrent misère. Retour
en arrière... Le dimanche matin 19 juin, maternés par ces
saint...bernard, que sont Panetta, Namouric et Gonzales,
puis munis d’un blanc seing... nos cinq coquins se retrouvèrent,
à dessein... à Cancale, pour une bacchanale
pédestre annoncée des plus chaleureuses. Le ventre plein, ils
ne redoutaient plus rien. La veille, à Saint... Malo, n’avaient-ils
pas, lors d’une pasta-party, prié sain...doux, saint...
paulin, saint... pourcin et saint... honoré ;
avant d’aller se poser, rassasiés, sur un saint... siège de
fortune. Une sacrée sym...phonie. J’vous ferai un dessin... A
Cancale donc, sur l’aire (de rien) du départ, son dessein...
en main, « l’essaim Michel » s’éparpilla. Michel
Bourgeay prit les devants avec Maman (pardon Monique), sa tendre épouse,
qui dans les 12 derniers kilomètres le crucifia en le laissant à 20
minutes. Cin...glant pour ce cavaleur, qui, une fois la ligne
d’arrivée passée, frôla la sym...cope, avant d’atterrir
dans les bras d’un méde...cin. Michel
Butin, qui retrouvait le marathon après plus de 15 ans d’abstinence,
s’obligea un départ prudent, avant, chemin faisant, de rattraper
‘M. Notre Président’ et de finir à pas de géant. Tout un sym...bole
que ce généreux spadas...sin. Sa
sain...teté Michel Liabeuf, qui quelques semaines plus tôt
avait marathoné dans les rues de Londres, préféra se faire tout petit
(facile avec son mètre dix). C’est ainsi que Michou-Bidou, battit son
record de lenteur. «Au tarif syn...dical, j’aurais fait mon
beurre» qu’il lança, avec sin...cérité, notre nain. Ne
se sentant pas très vaillant, Michel Seveyrat (des champs) décida de
jouer les chevaliers galants en unissant, au 7° km, sa destiné à la
petite Varciat, Monique-la-guerrière. Plus prudents que conquérants,
les deux enfants abandonnèrent main dans la main, au 22km, en voyant,
il est vrai, un certain Domi couché dans la poussière, les pieds en
l’air; sym...ptomatique pour un moustique. Et
le cin...quième ? Pauvre rous...sin, il arriva
toutefois avant la Saint Glin Glin... après avoir pris une
navette ! Ce qu’il ne précisa, que bien plus tard, sous la forme
d’un poème assas...sin. Michel
Nicolas n’est plus un saint... lorsqu’il s’agit d’emplumer
Michou-Bidou qui, c’est certain, n’est jamais en retard quand il
faut le sin...ger (poil au nez). Si
cette syn...thèse vous a plu n’en parlons plus. Mais
attention, que le Saint... Esprit vous garde : l’est pas très
sain « l’essaim Michel ». Parfois, ça me fait mal au
sein. M.S. |