Very
very nice
ce
« festival de cannes »
Des cannes toute nues… jamais, c’est sûr,
la Promenade
des Anglais n’en avait tant vues. Il y en avait, très officiellement,
20 000… dont celles du député-maire de cette merveilleuse ville
qu’est Nice.
Très
logiquement, elles allaient toutes par paires, qu’elles soient cannes
bien bronzées, cannes blanches… ou cannes molles… Dans les
lignes droites comme dans les coins (coins), elles tortillaient du pétard…
jolies petites canes… ou vilaines paires de «can-assons».
A
Cannes… 42km195 plus loin et quelques heures plus tard, elles ne furent,
ces paires, que 8 207 à transpirer sur
la Croisette
… puis à s’exhiber devant le Palais des Festivals. Très fatiguées
pour la plupart, mais enchantées pour la totalité.
Allez,
que je vous le dise… dans la langue de Shakespeare et dans celle de Molière
, il fut « very,very nice… ce festival de cannes »
et 1ier Marathon des Alpes Maritimes.
Le soleil, des palmiers, des milliers de fêlés de course à
pied… et Alain Mimoun pour donner le départ… Il fut trop grand, trop
beau, ce Marathon dessiné par des artistes entre Nice et Cannes… Le
soleil, des palmiers, des milliers de spectateurs déchaînés… et deux
représentants du JOCEL (Jogging Club de l’Est Lyonnais)… je garderai
un souvenir inaltérable de cette exceptionnelle balade azuréenne... Après
mon arrivée sur
la Croisette
, inspiré par l’ami Aznavour, et pour oublier mon chrono « see
me, see me, si minable », dans ma tête, plusieurs minutes durant,
je me suis répété que cette expédition sur les rivages de
la Grande Bleue
était « the one for me, for me, formidable »… Et oui,
mes amis, il est des manifs qui vous chamboule le palpitant et vous
tourneboule les méninges.
Ce Marathon06… longtemps à l’avance, par Internet interposé,
les organisateurs l’avaient annoncé, clamant haut et fort :
« le parcours colle au bord de mer, il est tout plat à
l’exception d’une bosse culminant à
34 mètres
au dessus du niveau de la mer et située au 26° kilomètre au Cap
d’Antibes ». Il était donc tout à fait… fait pour moi. Je me
suis inscrit… le 9 août, trois mois exactement avant le jour J :
d’une part, pour être certain d’être accepté car le nombre limite
des concurrents avait été fixé à 10 000 (soit 20 000 cannes),
d’autre part pour me laisser le temps de me préparer sur des circuits
sans relief…
Grosse
erreur mes p’tits loups, la seconde partie de ce merveilleux marathon
n’a rien du plat pays. Il y a tout d’abord cette bosse, en deux temps,
qui n’est pas piquée des hannetons et puis, du 30° au 39° km, il y a
toute une série de petites montées , petites descentes pas difficiles,
certes, mais très casse-pattes. Qu’à cela ne tienne, Etienne… L’an
prochain, amen, je m’ ramène… faire des miennes !… Faut pas
chipoter avec le Bonheur. Faut le cultiver. Pour mieux le partager.
Mais revenons à nos moutons… pour souligner que c’est en
fanfare que le départ fut donné sur cette légendaire Promenade des
Anglais. Pas de bousculade. Tout avait été très bien préparé
avec des sas parfaitement accessibles et des bénévoles aussi charmants
que disponibles. L’ambiance, de surcroît, était au zénith… comme la
température qui oscillait entre 20 et 21°. Trente quatre nationalités,
paraît-il, étaient représentées. Moi, je n’ai pas compté, me
contentant d’écouter, les uns et les autres, tchatcher et chanter…
enchantés.
C’est
comme cela que démarra cette balade des gens heureux… tranquillement…
sauf pour un brave quidam qui s’arrêta, au bout de
800 mètres
, pour relacer l’une de ses chaussures... Les doubles nœuds, mon bon
Monsieur, faut toujours y penser !.
Quelque
500 mètres
plus loin, une tape amicale me sortit de mes rêveries d’adolescent
alors qu’une voix amie me roucoulait « Allez Mimi, c’est parti »…c’était
Franck, mon complice, le 2ème représentant du Jocel, qui me
la jouait tourterelle… me larguant aussitôt en
restant dans la foulée de
son beau-frère. Pour ma part, j’avais décidé de partir tout doux,
tout doucement et d’ouvrir bien grand mes quinquets pour garder en
mémoire ce bord de mer d’exception. Je passe donc au 5km en
34’09’’. Je nage de bonheur lorsque, vers le 7° km, j’arrive à
St Laurent-du-Var. Sans m’en apercevoir, j’accélère légèrement car
je me chronomètre en 1h06’54’’ au 10° km, situé peu après
l’entrée dans Cagnes-sur-Mer. Les yeux rivés sur les palmiers et
la Méditerranée
, je ne verrai pas, sur ma droite, le célèbre hippodrome local.
d’autant que je baigne de félicité… et de facilité… n’ayant
toujours pas eu le moindre mètre de dénivelé à me coltiner.
Survient
Villeneuve-Loubet et ses immeubles ‘Grande Motte’… Aime qui veut mon
neveu… mais, c’est vrai, ça a de la gueule... bien plus que la ligne
SNCF, qui va nous escorter peu avant l’entrée d’Antibes -
Juan-les-Pins. Mais là, je vous l’avoue, j’éprouve quelques frissons
en songeant à Sydney Bechet et à son immortel «Dans les rues
d’Antibes»… le jazz, à ce niveau là, ça me rentre par le bas, par
le haut… La vue du Château Grimaldi me ramène sur terre avant que le
chrono officiel installé sur la ligne du Semi ne m’enregistre en
2h16’05’’.
« I
am… for me, for me, formidable », mon tempérament de garnement
m’interdira dès lors de regarder ma montre et de cavaler à mon gré…
car je le sais, ça va grimper avec l’ascension de
la Garoupe
, une montée que j’attaque… sans me démonter… préférant marcher
vers ce que je crois être le milieu de cette côtelette… Une gourance
qui ruine mes espérances, comme celles d’un bon nombre des fantassins
qui m’entourent, car un second coup de c... nous attend à la sortie
d’un virage. J’enrage… mais qu’importe le col
lorsqu’on a l’ivresse !.
Cette
difficulté passée, je plonge, rassuré, sur Vallauris pour découvrir
tout le vice d’un parcours ’tôle ondulée’, pas méchant mais bien
contrariant pour mes cannes de canard. Au diable l’avarice, les rivages
merveilleux de
la Grande Bleue
m’offrent gratis tout le bonheur des Dieux et une vue exceptionnelle sur
ces îles de princes que l’on nomme Lérins, paradis entre terre et
ciel… Ici tout est beau, trop beau mes agneaux… En passant la pointe
de Palm Beach, je me surprends même à regretter la fin de ma balade de
baladin, ce que j’efface très vite en débouchant sur
la Croisette
pour trois kilomètres aphrodisiaques. La beauté du site, une ambiance
surréaliste, un vent de folie soufflant sur les concurrents me font tout
oublier sur cette mythique chaussée… Confortablement installé dans mes
pensées, je me regarde cavaler…comme au cinéma, un vrai
festival !. Et là « Je suis malheureux d’avoir si peu de mots à
vous offrir en cadeaux... Darling, I love you... Et puis du reste on
s’en fout ».
Retour
à la réalité, à
500 mètres
du Palais des Festivals, je m’accorde 10 à 12 secondes de marche pour
enlever ma casquette et me repeigner... Arrivant dans les choux, au milieu
de mecs à genoux, je fais le kakou et termine les 100 derniers mètres
comme un tout fou… Un caprice de guignolo qui amènera le speaker à
citer le nom inscrit sur mon maillot, celui du club que j’aime : le
Jocel… Une touche finale, pour moi, phénoménale… comme le journal…
de Claire Chazal.
Chers
‘Cannes-à-you’, ce
Marathon
«very, very nice» restera «the
one, for me, for me, formidable»

-Les
arrivées de Bibilolo (à gauche) et
de Ch Estrosi, député-maire de Nice (à droite)-
Michel
Seveyrat