1er Marathon des Alpes Maritimes - 2008

 

Very   very   nice

ce    « festival    de    cannes »

Des cannes toute nues… jamais, c’est sûr, la Promenade des Anglais n’en avait tant vues. Il y en avait, très officiellement, 20 000… dont celles du député-maire de cette merveilleuse ville qu’est Nice.

Très logiquement, elles allaient toutes par paires, qu’elles soient cannes bien bronzées, cannes blanches… ou cannes molles…  Dans les lignes droites comme dans les coins (coins), elles tortillaient du pétard… jolies petites canes… ou vilaines paires de «can-assons».

A Cannes… 42km195 plus loin et quelques heures plus tard, elles ne furent, ces paires, que 8 207 à transpirer sur la Croisette … puis à s’exhiber devant le Palais des Festivals. Très fatiguées pour la plupart, mais enchantées pour la totalité.

Allez, que je vous le dise… dans la langue de Shakespeare et dans celle de Molière , il fut « very,very nice… ce festival de cannes »    et 1ier Marathon des Alpes Maritimes.

 Le soleil, des palmiers, des milliers de fêlés de course à pied… et Alain Mimoun pour donner le départ… Il fut trop grand, trop beau, ce Marathon dessiné par des artistes entre Nice et Cannes… Le soleil, des palmiers, des milliers de spectateurs déchaînés… et deux représentants du JOCEL (Jogging Club de l’Est Lyonnais)… je garderai un souvenir inaltérable de cette exceptionnelle balade azuréenne... Après mon arrivée sur la Croisette , inspiré par l’ami Aznavour, et pour oublier mon chrono « see me, see me, si minable », dans ma tête, plusieurs minutes durant, je me suis répété que cette expédition sur les rivages de la Grande Bleue était « the one for me, for me, formidable »…  Et oui, mes amis, il est des manifs  qui vous chamboule le palpitant et vous tourneboule les méninges.

 Ce Marathon06… longtemps à l’avance, par Internet interposé, les organisateurs l’avaient annoncé, clamant haut et fort : « le parcours colle au bord de mer, il est tout plat à l’exception d’une bosse culminant à 34 mètres au dessus du niveau de la mer et située au 26° kilomètre au Cap d’Antibes ». Il était donc tout à fait… fait pour moi. Je me suis inscrit… le 9 août, trois mois exactement avant le jour J : d’une part, pour être certain d’être accepté car le nombre limite des concurrents avait été fixé à 10 000 (soit 20 000 cannes), d’autre part pour me laisser le temps de me préparer sur des circuits sans relief…

Grosse erreur mes p’tits loups, la seconde partie de ce merveilleux marathon n’a rien du plat pays. Il y a tout d’abord cette bosse, en deux temps, qui n’est pas piquée des hannetons et puis, du 30° au 39° km, il y a toute une série de petites montées , petites descentes pas difficiles, certes, mais très casse-pattes. Qu’à cela ne tienne, Etienne… L’an prochain, amen, je m’ ramène… faire des miennes !… Faut pas chipoter avec le Bonheur. Faut le cultiver. Pour mieux le partager.

 Mais revenons à nos moutons… pour souligner que c’est en fanfare que le départ fut donné sur cette légendaire Promenade des Anglais.   Pas de bousculade. Tout avait été très bien préparé avec des sas parfaitement accessibles et des bénévoles aussi charmants que disponibles. L’ambiance, de surcroît, était au zénith… comme la température qui oscillait entre 20 et 21°. Trente quatre nationalités, paraît-il, étaient représentées. Moi, je n’ai pas compté, me contentant d’écouter, les uns et les autres, tchatcher et chanter… enchantés.

C’est comme cela que démarra cette balade des gens heureux… tranquillement… sauf pour un brave quidam qui s’arrêta, au bout de 800 mètres , pour relacer l’une de ses chaussures... Les doubles nœuds, mon bon Monsieur, faut toujours y penser !.

 Quelque 500 mètres plus loin, une tape amicale me sortit de mes rêveries d’adolescent alors qu’une voix amie me roucoulait « Allez Mimi, c’est parti »…c’était Franck, mon complice, le 2ème représentant  du Jocel,  qui me la jouait  tourterelle… me larguant  aussitôt  en restant dans la foulée de son beau-frère. Pour ma part, j’avais décidé de partir tout doux, tout doucement et d’ouvrir bien grand mes quinquets pour garder en mémoire ce bord de mer d’exception. Je passe donc au 5km en 34’09’’. Je nage de bonheur lorsque, vers le 7° km, j’arrive à St Laurent-du-Var. Sans m’en apercevoir, j’accélère légèrement car je me chronomètre en 1h06’54’’ au 10° km, situé peu après l’entrée dans Cagnes-sur-Mer. Les yeux rivés sur les palmiers et la Méditerranée , je ne verrai pas, sur ma droite, le célèbre hippodrome local. d’autant que je baigne de félicité… et de facilité… n’ayant toujours pas eu le moindre mètre de dénivelé à me coltiner.

Survient Villeneuve-Loubet et ses immeubles ‘Grande Motte’… Aime qui veut mon neveu… mais, c’est vrai, ça a de la gueule... bien plus que la ligne SNCF, qui va nous escorter peu avant l’entrée d’Antibes - Juan-les-Pins. Mais là, je vous l’avoue, j’éprouve quelques frissons en songeant à Sydney Bechet et à son immortel «Dans les rues d’Antibes»… le jazz, à ce niveau là, ça me rentre par le bas, par le haut… La vue du Château Grimaldi me ramène sur terre avant que le chrono officiel installé sur la ligne du Semi ne m’enregistre en 2h16’05’’.

« I am… for me, for me, formidable », mon tempérament de garnement m’interdira dès lors de regarder ma montre et de cavaler à mon gré… car je le sais, ça va grimper avec l’ascension de la Garoupe , une montée que j’attaque… sans me démonter… préférant marcher vers ce que je crois être le milieu de cette côtelette… Une gourance qui ruine mes espérances, comme celles d’un bon nombre des fantassins qui m’entourent, car un second coup de c... nous attend à la sortie d’un virage. J’enrage… mais qu’importe le col   lorsqu’on a l’ivresse !.

Cette difficulté passée, je plonge, rassuré, sur Vallauris pour découvrir tout le vice d’un parcours ’tôle ondulée’, pas méchant mais bien contrariant pour mes cannes de canard. Au diable l’avarice, les rivages merveilleux de la Grande Bleue m’offrent gratis tout le bonheur des Dieux et une vue exceptionnelle sur ces îles de princes que l’on nomme Lérins, paradis entre terre et ciel… Ici tout est beau, trop beau mes agneaux… En passant la pointe de Palm Beach, je me surprends même à regretter la fin de ma balade de baladin, ce que j’efface très vite en débouchant sur la Croisette pour trois kilomètres aphrodisiaques. La beauté du site, une ambiance surréaliste, un vent de folie soufflant sur les concurrents me font tout oublier sur cette mythique chaussée… Confortablement installé dans mes pensées, je me regarde cavaler…comme au cinéma, un vrai festival !. Et là « Je suis malheureux d’avoir si peu de mots à vous offrir en cadeaux... Darling, I love you... Et puis du reste on s’en fout ».

Retour à la réalité, à 500 mètres du Palais des Festivals, je m’accorde 10 à 12 secondes de marche pour enlever ma casquette et me repeigner... Arrivant dans les choux, au milieu de mecs à genoux, je fais le kakou et termine les 100 derniers mètres comme un tout fou… Un caprice de guignolo qui amènera le speaker à citer le nom inscrit sur mon maillot, celui du club que j’aime : le Jocel… Une touche finale, pour moi, phénoménale… comme le journal… de Claire Chazal.

 Chers ‘Cannes-à-you’, ce Marathon «very, very nice» restera  «the one, for me, for me, formidable»

-Les arrivées de Bibilolo (à gauche) et de Ch Estrosi, député-maire de Nice (à droite)-

Michel Seveyrat