Marathon de Lyon - 2006

Millau :  le pied… la tête dans les nuages

  S’envoyer en l’air est un luxe de première... Tant pis pour les rosières qui ne traînent que poussière sur leur derrière.

 Au diable la pudeur, nous autres joggeurs, amoureux des chemins creux et des routes secondaires, marathoniens ou bons à rien… n’avons cure d’exhiber notre anatomie…. La belle vie n’a pas de prix. Cela dit, jamais encore, je ne m’étais baladé en p’tit short, entre ciel et terre… bien loin des ron-rons des avions.

Aujourd’hui, sans tambours… ni détours, je tiens à l’affirmer, le 13 mai dernier, j’ai pris mon pied comme un adolescent innocent… en compagnie (quel appétit !) de 10503 lève-la-jambe… de tous les sexes. Trêve de fadaises, tout au fond de ma nuque, de tête de Turc, je garderai de Millau le plus beau : son viaduc. Un sacré truc !.

Les pinceaux dans mes baskets, la tête dans les nuages et le cœur dans les étoiles, j’ai, si près du ciel, rêvé d’une jouissance presqu’éternelle. Bien sûr, par mesure de sécurité, je n’ai pas approché les rambardes de cet étonnant géant… Une fois encore le néant et l’infini garderont leur mystère... Qu’importe… on est bien peu de chose… c’est ma belle-mère qui me l’a dit, un dimanche après-midi.

Mais à Millau, ce fameux dimanche matin, j’ai goûté au bonheur des profiteurs

Du Jocel, nous étions donc 29 bienheureux à avoir fait le déplacement (avec trois sympathisants… sans oublier une douzaine de conjointes et d’amis) grâce au dévouement du grand Namouric, de sa commission sportive et du président Roland.

Le samedi, se souvenant de son voyage de noces, celui-ci nous fit visiter les Gorges du Tarn, nous offrit un godet à Sainte Enimie (le pays d’Enimie, la sœur du roi Dagobert) avant de nous faire plonger dans les entrailles de la terre au cœur de l’étonnant Aven Armand. Mais Dieu qu’on en a dit des vilenies sur la vie et les muscles endoloris de ce bien trop gentil président qui se couperait en quatre pour la bande d’assistés que nous sommes. Ensuite, petit crochet par le site de Cazalous pour admirer les dessous du tablier de cette fantastique construction, ses 7 piles et 7 pylônes… voie royale pour le 7ème ciel… Chaque pile ayant une hauteur différente allant de 77m pour la plus petite à 245m, record du monde, pour la plus haute... tous les pylônes étant identiques et mesurant 90m de hauteur.

La nuit, nous allions la passer en pleine nature, à 28 km de Millau, dans le très beau et très reposant gîte de La Baraque (commune de Ste Eulalie-de-Cernon), après être resté 2h30 à table pour profiter notamment de deux coupes de ‘champe’ et d’un succulent magret de canard… Quant au lever, il se fit à 5h du matin ce fameux 13 mai… La suite, elle fut somptueuse… à commencer par l’accueil de la population millavoise et des organisateurs : que de bonjours, que de gentillesse, que de mots d’encouragements… venant de personnes que vous ne connaissez pas et qui ne vous reverront jamais. Mais oui, les copains, les rapports humains… ça fait du bien… Même aux marathoniens et aux gens de rien.

Certes, nous avons ‘campé’ trois bons quarts d’heure Boulevard de l’Ayrolle qui servait de sas de départ (nous avons connu bien pire ailleurs), mais, en toute honnêteté, la solidarité entre participants fit qu’on ne vit pas le temps passer. De plus, un hasard bizarre me plaça au milieu de 4 coureurs du club des joggers de l’Entente de l’Ouest Lyonnais ; tandis que l’ami Nicolas, par une divinité conduit, se retrouva dans les bras du doyen de l’épreuve.

Venu pour faire la fête et profiter un max d’un bonheur unique, j’ai –avec Patrick, Noël et mon Lulu-- poussé cinq six ‘Olé’ débridés… et, lorsque le départ fut donné, me suis envolé… à petits pas, comme grand-papa… tout en taillant la bavette, c’était chouette. Sur les 5 premiers kilomètres, au cœur de la cohue, j’m’en suis mis plein les mirettes. D’autant que le Tarn roula, très vite à nos côtés, en contre-bas de la route de Peyre… Qu’il est plaisant de vivre (…petit un) entre inconnus quand l’effort vous guide et, qu’au loin, par touche, vous apercevez les ailes d’un ange… et la tête des pylônes P2 et P3 (je crois!). Survint la montée tant redoutée. 200 mètres plus loin, une petite pépite prénommée Françoise m’attendait. Nous n’allions plus nous quitter tout au long de la ‘’fameuse‘’ piste Nord qui servit lors de la construction du viaduc… et c’est avec plus de 20mn d’avance sur ‘’l’heure couperet‘’ que nous traversâmes l’aire de Brocuéjols ; où ce bien cruel délai élimina plusieurs centaines de participants.

C’est ainsi, libéré, que je me suis retrouvé entre ciel et terre pour une traversée qui ne pouvait que me tournebouler… Ici et là, de tous les côtés… loin des premiers, filles et garçons se faisaient photographier… en respectant, dans la quasi totalité, les mesures de sécurité. Qu’il est plaisant de vivre (…petit deux) entre hurluberlus conscients des limites de leur propre liberté et de celle de leurs prochains. Sur le viaduc, j’ai tenté de tout emmagasiner en dépit de ma vue basse qui souvent me tracasse et m’agace. Sur le pont, outre Françoise, j’ai retrouvé Patrick, Monique, Gigi, Dominique et même mon bon Roland… alors que, déjà dans la descente, Denis, Ali, Marc, Bruno, David, Iwan, véritables coupe-vent, me croisaient en m’encourageant. Les autres… ils échappèrent à mes regards de grand-père… tout comme m’échappa l’horrible drame qui, 300m derrière moi, envoya à terre ce pépère austère qui nous désespère : Nicolas pied-plat (voir par ailleurs).

La descente !… Je l’ai faite en égoïste me régalant notamment de cet exceptionnel panorama qui s’offrit à nous, au sortir du viaduc. Contemplatif enragé, j’ai tenu à me régaler… même si, pour m’éclater, j’ai bu de l’eau comme un trou… (ben oui, l’o-bus éclate). Et ce n’est pas de me faire doubler par Michou Bidou qui me poussa à accélérer. De fait, sur les 2 derniers kilomètres j’ai –tout comme le grand Serge- passé mon temps à taper dans les menottes des gamins…et, itou, à demander la main des p’tites femmes qui le voulaient bien.

Vers 17h30, lorsque nous avons quitté Millau je rêvais encore… En un temps record, tout avait été nettoyé, réorganisé, bichonné… tout était d’une rayonnante propreté retrouvée... Qu’il est plaisant de vivre (… petit trois) auprès de responsables, de bénévoles et d’anonymes qui respectent l’environnement et leurs invités.

A vous tous, gens de Millau et de l’organisation : très, très grand Merci… Vous avez été géants.                                                                                  M. S.

« Millau le retour »… ou l’aventure de neufs guignolos immatures

Par deux fois, des larmes perlèrent de ses si jolis yeux.

Par deux fois, Marie-Christine les essuya avec délicatesse, bien qu’elle fut secouée d’énormes spasmes… Des spasmes de rire ! De fou-rire… Marie-Christine (Madame Lucien) n’en pouvait plus… Mais quelle idée avait-elle eu, avec son Lulu, de changer de bahut  pour regagner Saint-Priest… au plus vite !.

« Attention, il est permis de rire, mais pas de pipi dans la culotte… faut que je rende le véhicule nickel »… Cette remarque dont le subtil n’échappe à personne, c’est le Michou-Bidou qui la hoqueta, au milieu de monstrueux reniflements de méchant garnement… ce qui provoqua une hilarité totalement incontrôlée chez Miss Alex et Dame Miguel qui, sans répit, pouffaient à la folie, faisant fi de la philosophie du Petit.

Au fait, faut vous le préciser, ledit bahut, un splendide mini-bus, était composé de neuf raplaplas (les n’œufs au plat)... Que j’vous dise, prenez note : …

A la place du conducteur, il y avait mon Nain (porte quoi) préféré (Michou-Bidou) bien confortablement assis sur un coussin, la moustache sous le nez et les yeux juste au-dessus du volant. A sa droite, serein (bien que souvent pigeon), trônait Miguel-de-la-Palette… plongé dans la lecture de l’Equipe… dont il ressortait toutes les 10 minutes pour pleurer sur son genou de kakou que les pompiers de Millau avaient papouillé fort gay-ment (le genou, pas le kakou). Encore plus à droite roupillait le grand Cièrge, celui qui brûle la vie par les deux bouts (de pied) et qui la tête sur le ventre ronflait comme un moine au couvent, émergeant de temps en temps pour lâcher un vent.

La rangée d’après, peut-être la plus sage  (mais attention aux apparences) était composée de l’Alex (ténué) réfugié, dès les premiers hectomètres, dans les bras de Morphée au grand soulagement de Dany sa compagne et de Dame Nicole (Madame Miguel, sa cousine) qui, à ses côtés, et à bras raccourcis, cassaient du bois sur le dos des hommes… enfin, pas tous, seulement les leurs (des leurres… j’ose le préciser).

Enfin au troisième rang: à gauche, le Lulu (Lucien Plané), un mec d’ordre, désormais retraité de son école à la peau-lisse ce qui ne l’empêchait nullement de faire des procès (verbaux) sur tout ce qui bougeait, notamment sur le Nain-descriptible. Ensuite, au milieu, Marie-Christine et ses si jolis yeux. Enfin, complètement à droite : Sevey-rat (de cave), myope comme une taupe sans ses lunettes et qui avait oublié de prendre des lentilles au Puy…

Difficile de faire mieux mes neveux… Et vous voudriez  qu’ils fussent sérieux.

Cette présentation faite, je me dois (dans le nez) de souligner l’indestructible respect de l’autorité qui domine chez le petit Bidou, lorsqu’il conduit et qu’il a donné sa parole à son président. Rien, dès lors, ne peut le faire reculer… C’est ainsi que de Millau pour aller à Mende, on est passé par… Rodez!. C’est à dire qu’au lieu, à un moment donné, d’enquiller la direction Nord-Est, on est parti plein Ouest… ceci parce qu’il n’était pas indiqué «autoroute» sur sa feuille de route… et que, garçon respectueux et confiant, il n’avait pas pris la moindre carte routière.

L’aventure avait pourtant merveilleusement débuté… à l’eau plate. Ce fut sans nul doute une erreur grossière car, à Millau, en glandouillant dans les rues millavoises pour s’en extirper, le Petit ne vit pas Jean-Pierre Namouric qui, lui, roulait en sens opposé… dans la bonne direction. Quelques instants plus tard, il fit donc demi-tour sur les conseils avisés de ses passagers qui eux non plus… n’avaient rien vu…

Tout étant rentré dans l’ordre, chacun chacune se mit à digérer et à déblatérer sur son prochain et les absents… abandonnant le Nain à sa solitude. Dix minutes plus tard, au carrefour indiquant Mende par l’autoroute (gratuite, on l’avait dit et redit), le Bidou crut bien faire en restant sur la Départementale 911 dans l’indifférence générale… Personne ne se tordait encore les boyaux et les yeux, les si jolis yeux, de Marie-Christine ne versaient (rien à voir avec ceux du Coran et de la Bible) aucune larme de crocodile. Quelque 10 autres minutes s’écoulèrent et une voix mal assurée miaula : « J’suis pas sûr qu’on soit dans la bonne direction », le temps de parcourir une quinzaine de Km et la même voix glapit : «On s’est planté mes gones faudra tourner la première à droite ». Facile à dire, mais dans ce secteur du Parc régional des Grands Causses y’a pas de routes secondaires, y’a que des chemins communaux. C’est ainsi qu’on se retrouva à Pont de Salars et que mon Nain adoré fit exploser de rire una bella raggazza vendeuse de pizzas. «Pour aller à Mende, M’dame ?… On est bien sur la bonne route ?… On vient de Millau !»… «Pardon (glup)» que fit la dame qui ajouta en s’étranglant : «Oui , continuez jusqu’à Rodez (glup)… Ensuite, faudra tourner à droite… Mais ça sera indiqué (glup)… Cela dit, vous savez, moi, j’vends des pizzas, pas des boussoles… pour têtes folles… Hahahahahahahahahaha…iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii…iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ».

Mais, le meilleur et le délire étaient à venir. Ils nous tombèrent sur le cigare lorsque le portable de Miguel sonna. « Vous z’êtes où ? » questionna innocemment la voix de Panetta. « On approche de Rodez » rétorqua le Nicolas, sous les sarcasmes d’un Lulu se bidonnant comme le Père Lustucru à la plus grande joie de Marie-Christine, dont les yeux, les si jolis yeux, commençaient à s’illuminer. La suite, il me serait bien difficile de la donner dans sa chronologie. Le grand Cierge, réveillé par les HaHaHA de la bella pizzaïola, appelait sa mère. M’dame Alex incendiait son homme toujours entre deux sommes. La senora Nicolas traînait son époux dans la boue : «Lâche nous avec ton genoux. T’es tout mou d’partout. Tu vaux pas dix sous». Seveyrat (d’égout) égrenait des jeux des mots de pignolo sur le Nain-bus, le N’ain-parfait, le N’im-partial, le N’im-pertinent, le N’im-personnel, le N’im-pétigo…

Agrrr…grrr… en 5 mots: ça ne volait pas haut... Ce qui est sûr c’est qu’on a vu Rodez, ses fau-bourgs et ses vrais bour…geois !… Même qu’on s’est pas trompé, et qu’on l’a pas fait exprès.

Sur la route de Mende, tout se déroula à merveille au milieu des éclats de rire (d’autant que, pour une fois, la cible n’était pas le preneur de bus, mais le conducteur…). A merveille… jusqu’à Sévérac-le-Château. En ce lieu chargé d’histoire, le Bidou aperçut un panneau indiquant Mende droit devant, par l’autoroute !... Droit dans ses bottes, l’inénarrable pilote avala sa glotte… et vira à droite… pour se retrouver pile poil…dans la direction de… Millau !. Mais là, au bout d’un kilomètre, ce fut la rébellion. Entre les «C’est assez, morpion», «J’veux rentrer à la maison» ou les «Mets tes lorgnons, trognon», «M’enfin, c’est où Lyon ?»… tout y passa, sur tous les tons, et le Petit qu’a l’son (oui, le petit caleçon) comprit que le temps n’était plus à la rigolade; que le Lulu en voulait à sa vertu, que le Nicolas accumulait les coups bas, que le Sergio commençait à bander… ses biscotos, que le Seveyrat avait ses ragniagnias, que M’dame Nicole en avait marre de son Guignol… et que les yeux, les si jolis yeux, de Marie-Christine ruisselaient comme des fleurs sous la rosée.

C’est ainsi qu’en pleine déroute, le Petit prit l’autoroute…puis, victime d’une soudaine envie, qu’il s’arrêta sur la première aire de repos!… Pipi du soir, espoir… ses copains et copines, au milieu de mille phrases assassines, s’enfilèrent… une bibine; tandis que les yeux, les si jolis yeux, de divine Marie-Christine, ma voisine… Mais j’arrête, j’vous bassine.

Au fait, pour l’anecdote, c’est à 23h20 que le mini bus arriva à Revaison. Une heure trente après tous les autres.

Il est bien le Michou-Bidou… quand il n’a pas un volant dans les mains !