Petites histoires autour de NIKE

 

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Marketing et mythologie

Comme chacun le sait, NIKE est une entreprise américaine spécialisée dans les chaussures, les vêtements et le matériel de sport. Ce que l'on sait moins, c'est que l'origine du nom a été inspiré de la déesse grecque Athéna Niké, Niké signifiant « Victoire ».

La firme a assuré sa notoriété par un logo simple et rapidement reconnaissable : le "swoosh", une virgule posée à l'envers et à l'horizontale. Ce logo a été créé par Carolyn Davidson en 1971 comme étant l'aile de la déesse Niké.

 

 
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L'origine de Niké

Dans la mythologie grecque, Niké est une déesse personnifiant le Triomphe et la Victoire comme son nom l'indique. Fille du Titan Pallas et de Styx, elle est la sœur de Cratos (la Puissance), Bia (la Force) et Zélos (l'Ardeur), avec qui elle fait partie des proches de Zeus. Souvent associée à Athena, elle est représentée comme une divinité ailée, capable de se déplacer à grande vitesse.

Une célèbre sculpture d'Athéna Niké, la « Victoire de Samothrace », est conservée au musée du Louvre. Reposant sur un bloc figurant une proue de bateau, elle domine un monumental escalier (coup de coeur garanti !).

 

Victoire de Samothrace (Musée du Louvre)

 

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La bataille de Marathon (située à 39 km au nord est d'Athènes)

C'est dans la plaine de Marathon que les athéniens et les perses s'affrontèrent  en 490 avant J-C. A la fin de la bataille, le soldat grec Philippides accomplit d'une traite la distance qui séparait le champ de bataille d'Athènes, où il devait apporter la nouvelle de la victoire. Selon la légende, « Nenikamen » (« Nous avons vaincu ») seraient ses seules et dernières paroles à son arrivée sur l’Acropole, où il mourut, d’épuisement.
Cette victoire qui avait sauvé la Grèce de l'invasion perse, mit fin à la première guerre médique.

 

 
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Nikaia (Nice), celle par qui la victoire est arrivée

Vers 600, des Grecs de Phocée (aujourd'hui Izmir, en Turquie), appartenant à la confédération ionienne mais sous tutelle lydienne, furent chassés de leur patrie par un tyrannique satrape de Darius. Ils abordèrent dans un golfe proche de l'embouchure du Rhône et s'abritèrent dans le meilleur port de la côte. Les Grecs furent invités par le chef Celte de la tribu des Ségobriges (ou des Commoniens) à un banquet au cours duquel sa fille Giptis devait choisir un époux. Giptis offrit la coupe à Protis qui obtint une concession de territoire pour s'installer et fonder Massa, puis Massalia, la future ville de Marseille.

C’est probablement vers 547 que Crésus, roi du riche et prospère royaume de Lydie, attaqua l’empire perse de Cyrus. Cyrus II, dit Cyrus le Grand, fut le fondateur de l’Empire perse qui succèda à l’Empire mède. Il appartenait à la dynastie des Achéménides. Quant à Crésus, il devait ses richesses fabuleuses aux sables aurifères du fleuve Pactole. C'est de là que viennent les expressions triviales: « riche comme Crésus » et « toucher le pactole ».

 

En 544, Phocée fut prise par les Perses de Cyrus qui venait de battre le roi lydien Crésus. Massilia accueillit une seconde vague de Phocéens fuyant l'Asie Mineure.

Phocée, contrainte par les circonstances, devint la « métropole » (cité-mère) de la colonisation grecque en Méditerranée occidentale.

Continuant leur progression sur le littoral méditérranéen, les Phocéens établirent d'autres comptoirs dont Agatha Tyché (Agde), Olbia (Hyères), Athénopolis (Saint - Tropez), Antipolis (Antibes) puis Nikaia (Nice) en -540, sur le lieu de la victoire militaire qu'ils remportèrent sur les Ligures, jusque-là seuls habitants de cette région (Nikaia signifiant, en Grec, « celle par qui est arrivée la victoire »).

Les Grecs importèrent l'olivier, le figuier, le noyer, le cerisier, la vigne et la poterie.

Nice a rendu hommage à son antique passé en donnant le nom de Nikaia à une grande salle de concert et à son célèbre meeting international d'athlétisme.

 
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La ruse d'Attale ...

...ou comment le futur Attale 1er a réussi à « Niké (r) » les augures et à remporter une victoire sur les Galates. 

Tout d'abord, plantons le décor:

Les Galates étaient des peuples Celtes qui, dans l'Antiquité avaient migré dans le centre de l’Asie mineure, région nommée d'après eux Galatie (voir sur la carte ci-dessus). Ces Celtes d'Orient, cousins de nos bons Gaulois formaient une confédération d'États guerriers, dirigés par une aristocratie militaire. Leur économie était basée sur l'élevage, mais surtout les razzias, les pillages, les rançons qu'ils pratiquaient avec une réputation de cruauté.

Pergame se trouve à une centaine de kilomètres au nord d'Izmir (Smyrne à l'époque antique). L'état pergamien était sans cesse soumis au joug des Galates qui se livrait à un pillage incessant dans toutes les régions d'Asie mineure, sans que quiconque ne puisse leur opposer une sérieuse résistance.

Passons aux faits:

Les Galates se rassemblèrent aux environs d’Ankyra (Ankara) pour pénétrer sur le territoire de Pergame afin de se livrer au pillage. Considérant le tribut régulièrement versé aux Galates comme une infamie, Attale décida d’y mettre un terme mais aucune des principautés voisines ne voulut venir en aide à l’armée de Pergame. Comme le moral de ses troupes se détériorait, Attale usa d’un subterfuge au moment où l’on interrogeait les augures lors de la traditionnelle hépatoscopie pour savoir quel serait le sort de la guerre: il écrivit dans la paume de sa main le mot « nike » (victoire) mais à l’envers et au moment où on allait regarder les entrailles de la victime, il imprima discrètement le mot sur le foie avant de le montrer à ses soldats. Ceux-ci assurés de la victoire furent galvanisés et les Galates subirent une défaite écrasante.

Cette victoire fut immortalisée par un monument triomphal, célèbre pour son « Gaulois mourant » ou « Galate mourant » (voir ci-contre la copie romaine - Musées capitolins à Rome). Elle lui valut l'épiclèse (dans l'Antiquité grecque, épithète accolée au nom d'un dieu) de « Sôter » (sauveur). Il profita de l'occasion pour prendre le titre de « roi ».

A la suite de cette victoire inespérée, Attale qui était par ailleurs un ancien vainqueur de la course de chars aux Jeux Olympiques, succèda à son oncle sur le trône de Pergame en -241 av. JC. Attale 1er vainquit à nouveau les Galates, alliés de circonstance des Séleucides, et étendit la domination de la nouvelle dynastie attalide jusqu'aux monts du Taurus.

La Galatie fut conquise par Rome en 189 av. J.-C., devint province romaine en 64 av. J.-C. et fut annexée en 25 av J.-C. Elle fut évangélisée dès les débuts de l'ère chrétienne. Saint Paul a écrit une épître aux Galates qui fait partie du Nouveau Testament.

 

 

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La sédition Nika

La sédition Nika à cause de son cri de ralliement fut un soulèvement populaire à Constantinople qui fit vaciller le trône de l'empereur Justinien Ier.

Le 11 janvier 532 une série de courses de chars, dont les byzantins étaient particulièrement friands, eut lieu dans l'hippodrome de Constantinople en présence de l'empereur, de son épouse Théodora et de la cour. Le contexte politique était explosif car depuis plusieurs années Justinien Ier et surtout l'impératrice ne cessaient de favoriser la faction des Bleus au détriment des Verts. Or à Byzance ces factions ne se contentaient pas d'être des « sociétés de courses » mais étaient aussi de véritables structures politiques, qui influaient sur les affaires publiques, et même militaires avec l'encadrement de la population dans des milices armées. Le soutien de la sulfureuse Théodora encouragea les Bleus à commettre les pires excès à l'encontre de leurs rivaux, lesquels ripostèrent aussi avec violence. Un véritable climat de guerre civile s'installa dans la capitale de l'empire.

Les Verts profitèrent des courses de chars pour insulter l'empereur et son épouse, mais surtout le préfet Jean de Cappadoce puis quittèrent en masse les gradins et se répandirent dans la ville. Pour éviter que l'émeute ne dégénèra, Justinien fit exécuter des meneurs Verts mais aussi par erreur un membre de la faction des Bleus. Fatale erreur car Bleus et Verts, dans un retournement complet de situation, s'allièrent contre Justinien et dans l'Hippodrome, réclamèrent, le 13 janvier, des mesures de clémence. Devant le refus de l'empereur, les insurgés se ruèrent sur le quartier impérial et les quartiers adjacents au cri de « Nika » (« Victoire ») et pillèrent, incendièrent et massacrèrent les soldats et fonctionnaires impériaux.

Le 14 janvier Justinien cèda, mais trop tard. L'émeute était devenue une véritable insurrection. Le 15, la basilique Sainte-Sophie, le Sénat, le Palais impérial brûlèrent et durant trois jours l'incendie fit rage. Le 18, la ville fut en grande partie en flammes. Réunies dans l'Hippodrome les deux factions désignèrent un nouvel empereur réputé favorable aux Verts. Justinien, dont le courage ne sembla pas à la hauteur de ses qualités intellectuelles, songea à s'enfuir par la mer. C'est l'énergie et le courage de Théodora, qui refusa la fuite et préfèrait « mourir dans la pourpre » qui, semble-t-il, permirent de retourner la situation au prix d'un massacre épouvantable (30 000 à 80 000 victimes selon les sources).

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Le Code de Justinien, aussi connu sous son nom latin de corpus juris civilis, est la plus grande compilation de droit romain antique. Cette œuvre législative prit une importance fondamentale en Occident car c'est sous cette forme reçue de Justinien que l'Occident médiéval, à partir du XIIe siècle adopta le droit romain, ancêtre de notre droit.

"Imbecillitas sexus" (je n'ose pas traduire !) était une formule justifiant l'incapacité juridique de la femme mariée (ou non) qui restait toujours soumise à l'autorité d'un père, d'un aïeul, de son mari ou d'un tuteur. Il suffit de lire certains passages des épîtres de saint Paul (juif parlant grec, mais citoyen romain) pour comprendre la mentalité de l'époque à l'égard des femmes. Au IIe siècle, néanmoins, l'incapacité de la femme commençait à faire figure d'archaïsme. Aussi le droit classique s'efforça de limiter leur incapacité en permettant notamment à la femme de choisir son propre tuteur. La tutelle et l'incapacité disparurent par désuétude au Bas-Empire (à partir du IIIe siècle).

Le Code de Justinien se chargea de régulariser ce changement des coutumes marquant une avancée juridique pour les femmes. Mais, il  fallut attendre le Code civil napoléonien pour que s'établisse le principe de l'égalité complète des deux sexes quant à la jouissance et l'exercice des droits civils. Pour le reste, on était encore loin du compte...

 

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Nicolas est un nom issu du grec composé de « niké » (victoire) et de « laos » (peuple).

Quand on constate les performances sportives de notre « Nicolas » lors de ses derniers Marathons, on peut se dire qu'avec un préfixe aussi mal approprié à l'individu, certains patronymes sont vraiment très mal portés !